EDF-Areva : un rapport, des questions

La communication de l'Élysée sur la réorganisation de la filière nucléaire française a créé une certaine perplexité en préconisant l'examen de l'« éventualité d'une prise de participation » d'EDF au capital d'Areva. Cette proposition, improprement rédigée puisque EDF détient déjà 2,4 % d'Areva, soulève des questions et s'attire des critiques. « Je ne comprends pas l'utilité de demander à EDF de rentrer au capital d'Areva », a ainsi déclaré le sénateur UMP Ladislas Poniatowski, président du groupe d'études sur l'énergie. « Défavorable pour les deux groupes », ajoute Natixis. Ce scénario avait été repoussé par Jean-Cyril Spinetta. Le président du conseil de surveillance d'Areva, dans un rapport rendu mi-2009, estimait qu'un renforcement des liens capitalistiques entre les deux groupes pourrait dissuader les clients potentiels d'Areva, les concurrents d'EDF, de travailler avec le groupe dirigé par Anne Lauvergeon. Le rapport Roussely, ou en tout cas la synthèse publiée mardi par l'Élysée, ne plaide pas non plus pour une opération de ce type. Cette éventuelle montée d'EDF dans Areva se ferait parallèlement à l'augmentation de capital de 15 % prévue pour les trois investisseurs pressentis, le japonais Mitsubishi Heavy Industries et les fonds souverains du Qatar et du Koweit. Mais à quel niveau ? Et à quelles fins, puisque la nomination d'un administrateur d'EDF chez Areva ferait certainement figure de repoussoir pour les clients potentiels ? EDF n'a pas souhaité commenter sur le sujet, pas plus qu'Areva. Les dirigeants des deux entreprises, qui publient vendredi leurs résultats, seront peut-être plus diserts à cette occasion. Le rapport Roussely pose aussi la question de la date de mise en chantier du deuxième EPR français, à Penly, en Seine-Martime. Il propose, en effet, que soit réalisé un retour d'expérience des autres EPR en construction, en Finlande et à Flamanville, avant que débute la construction du nouveau réacteur d'EDF. Enfin, le rapport égratigne un peu l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), demandant que l'État redéfinisse la mission de cette autorité indépendante. « Il convient d'éviter que des évènements de portée très limitée conduisent à jeter une suspicion injustifiée sur l'ensemble d'une technologie », allusion aux récentes interrogations émises par l'ASN sur la sûreté de l'EPR. O. H.la nomination d'un administrateur d'EDF chez Areva ferait certainement figure de repoussoir pour les clients potentiels.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.