Comment Bouygues Telecom limite la casse avant le feu d'artifice de la 4G

« La 4G, ça m'a changé la vie », assure Martin Bouygues. « Chez moi, à la campagne, je n'ai pas de connexion ADSL : avec un galet 4G, on se connecte à plusieurs en WiFi et je peux enfin consulter mes mails, surfer, regarder des vidéos… » Si le patron du groupe de BTP, de médias et de télécoms a fait ainsi de la réclame à sa filiale en présentant mercredi ses résultats semestriels, c'est que Bouygues Telecom mise tout sur son réseau mobile à très haut débit qu'il va lancer à l'échelle nationale (40% de la population contre moins de 10% chez ses concurrents) le 1er octobre pour rebattre les cartes d'un marché bouleversé par l'arrivée de Free. En attendant ce « feu d'artifice » annoncé et la finalisation de l'accord de mutualisation d'une partie de son réseau en discussion avec SFR, la filiale de télécoms a encore plombé les comptes de la maison-mère. Le conglomérat a publié un bénéfice net en recul d'un tiers et abaissé ses prévisions de chiffre d'affaires annuel. L'action Bouygues s'envole de 10% ce mercredi, les investisseurs saluant l'amélioration des comptes (en perte de 42 millions au premier trimestre) et le redressement de Bouygues Telecom, dont le plan d'économies est en avance sur les objectifs (voir le détail des résultats). La marque low-cost B&You pèse déjà 14% du parc de Bouygues TelecomCependant, sur le plan commercial, les performances de Bouygues Telecom au deuxième trimestre ont été pour le moins « modestes » comme l'admet le groupe, pour ne pas dire assez médiocres : dans le fixe, il n'a conquis que 10.000 nouveaux abonnés (contre 45.000 au premier trimestre et 88.000 au quatrième), et dans le mobile, le nombre de clients à un forfait est encore en retrait si l'on exclut la marque low-cost B&You qui représente désormais 14% du parc d'abonnés (1,6 million de clients à fin juin, dont plus de la moitié au forfait à 19,99 euros). Conséquence : le troisième opérateur mobile français révise à la baisse son objectif de chiffre d'affaires annuel, ramené à 4,6 milliards d'euros, soit un recul de 12% par rapport à 2012 (qui avait déjà chuté de 9%), contre -7% envisagés encore en mai dernier. Effondrement des ventes de forfaits avec téléphones subventionnésNéanmoins, l'opérateur maintient son objectif de stabiliser son résultat brut d'exploitation (Ebitda) à 900 millions d'euros sur l'année. En effet, une partie de la diminution du chiffre d'affaires provient de l'effondrement des ventes de forfaits avec téléphones (700.000 terminaux écoulés en moins sur le semestre), qui lui coûtent cher en subvention. « Si l'on regarde notre historique sur 15 ans, il y a eu un vrai basculement vers les ventes sans téléphone au deuxième trimestre » analyse Olivier Roussat, le PDG de l'opérateur. L'effet de la crise économique d'un côté et la généralisation des offres « SIM-only » (cartes SIM seules) de l'autre. « Les utilisateurs vont conserver plus longtemps leur téléphone, le marché de l'occasion va se développer et on revendra des batteries de rechange dans les magasins » prédit le patron de Bouygues Telecom. Pourtant, ses concurrents, y compris Free Mobile, martelaient que le marché des mobiles subventionnés se tenait bien, d'où le revirement du quatrième opérateur qui a commencé à tester la subvention assortie d'un engagement (dans le cadre d'une promotion sur le site vente-privée.com).Des forfaits 4G sans engagementProblème : avec l'arrivée de la 4G, il faut un téléphone compatible, neuf le plus souvent. S'il existe des appareils d'entrée de gamme (à 150 euros nus), les plus courus restent chers sans subvention. Mais certains modèles déjà présents dans les poches de plusieurs centaines de milliers de clients sont aussi compatibles 4G, comme le Galaxy S4 et certains SIII de Samsung. Et « l'iPhone 5 ne sera jamais 4G en France sauf chez Bouygues Telecom » fait-on valoir chez l'opérateur (à moins qu'un concurrent demande comme lui à réutiliser les fréquences 1800 Mhz en 4G). Du coup, Bouygues fait de l'œil aux clients qui aimeraient tester la 4G sans trop dépenser et se lier pour deux ans en lançant des forfaits 4G sans engagement, et pas sur sa marque low-cost B&You. C'est le seul opérateur à oser le faire (sauf pour les clés). Ainsi ses deux nouveaux abonnements 4G « Sensation » sont disponibles en mode « éco », sans mobile et sans engagement, à 29,99 euros (3Go de données avec appels et SMS illimités) et à 39,99 euros (8 Go). Ces tarifs promotionnels augmenteront de 10 euros en janvier pour les nouveaux abonnés. Pour ceux qui n'ont pas la chance d'être déjà équipés, Bouygues Telecom propose désormais une autre solution aux Français aux budgets serrés qui souhaiteraient goûter à la 4G sans recourir au crédit, en étalant sur 24 mois de faibles mensualités couvrant uniquement l'achat du terminal (3 euros, 5 euros ou 8 euros, en plus du prix du forfait). Une façon de ne pas dépasser les 200 euros faisant entrer dans la catégorie crédit à la consommation. Un iPhone 5 peut ainsi revenir à 299 euros à l'achat puis 8 euros par mois en plus de l'abonnement à 34,99 euros. « On aura la meilleure 4G le 1er octobre, ce sera à nous de le démontrer » explique-t-on chez l'opérateur. En attendant, Orange et SFR aussi prétendent être les premiers, l'un en débit et nombre d'antennes sur son site comparatif quialameilleure4g, l'autre en antériorité et en couverture de la capitale… Free, toujours silencieux sur une date de lancement, figure à la troisième place du podium présenté par Bouygues (page 40 des transparents) sur le nombre de sites 4G autorisés par l'Agence nationale des fréquences au 1er août, devant SFR.X
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