Les délocalisations, une fatalité pour les constructeurs tricolores

Après le bas de gamme, le haut?? Les délocalisations seraient-elles une fatalité pour l'industrie automobile tricolore?? Pour des raisons de coûts, les constructeurs ont commencé par transférer en Europe de l'Est leurs modèles les plus économiques. Et, pour des raisons de débouchés, Renault fabrique désormais en Corée la remplaçante de la Vel Satis. PSA pourrait d'ailleurs bien suivre la même logique en Chine.Aujourd'hui, PSA assemble une partie de ses Peugeot 207 et la totalité de ses Citroën C3 Picasso en Slovaquie. Les petites Peugeot 107 et Citroën C1 sont montées en République tchèque avec Toyota, alors que les précédentes Peugeot 106 et Citroën Saxo étaient fabriquées dans l'Hexagone. Et encore, PSA produit-il 39 % de ses voitures particulières en France?!En fait, c'est Renault qui a « délocalis頻 massivement, sous la présidence de Louis Schweitzer. Certes, l'internationalisation poussée et louable de la firme au losange, ainsi que le rachat de Dacia en Roumanie et des activités automobiles de Samsung en Corée, ont accru mathématiquement la part des véhicules produits hors de France. Mais ce remarquable effort d'implantation sur les marchés hors d'Europe n'explique pas, à lui seul, que Renault produise à peine 21 % de ses voitures dans son pays d'origine (au premier semestre). Contre 33 % pour le groupe Volkswagen?!Rappel à l'ordreLa Renault Twingo II et son dérivé Wind sont montées en Slovénie. Les premières Twingo venaient, elles, de Flins. Une bonne part des Clio sont produites à Bursa, en Turquie, en attendant que ce pays fabrique une très grosse majorité, sinon la totalité, des futures Clio IV. Carlos Ghosn, PDG de Renault, s'est d'ailleurs fait rappeler à l'ordre par l'Élysée à ce sujet en début d'année. Toutes les Dacia vendues dans l'Hexagone proviennent évidemment de Roumanie mais aussi de Casablanca, au Maroc. Et la future usine géante de Tanger - également au Maroc -, qui se centrera sur les monospaces et utilitaires à bas coûts, risque d'accentuer encore le phénomène, au détriment de la France et de l'Espagne.Certes, Renault clame haut et fort que 45 % des effectifs du groupe demeurent en France, où la firme assure réaliser plus de la moitié de ses investissements. Mais pour combien de temps?? Puisque même les centres techniques se renforcent progressivement à l'étranger. Celui de Renault Samsung à Séoul n'a-t-il pas ainsi développé, pour une bonne part, la nouvelle Latitude, vaisseau amiral de la gamme de l'ex-Régie??Mais les constructeurs français ne délocalisent pas par... perversion. Ils doivent tout simplement fournir un produit attractif à un client final, qui, quelles que soient ses options politiques ou syndicales, n'achète qu'en fonction du rapport qualité-prestations-prix. Or, centrées sur des véhicules de gamme basse ou moyenne inférieure, les marques tricolores peuvent difficilement se permettre de faire payer au client le surcoût du « made in France ». Un label fort valorisant dans les produits de luxe mais pas, malheureusement, dans l'automobile. A.-G. V.

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