Les grandes banques américaines menacées de déclin

La période la plus noire depuis la crise des années 1930. C'est ce que promettent certains analystes du secteur bancaire américain dans les prochaines années. Cité par l'agence Bloomberg, un spécialiste estimait récemment que l'exercice 2011 donnerait le coup d'envoi de la « pire décennie » depuis 80 ans pour la croissance des banques. D'après Christopher Whalen, directeur du cabinet Institutional Risk Analytics (IRA), cette prévision n'est pas « exagérée » : « Nous parlons ici d'une contraction des revenus et des marges pour bien plus d'un an. Nous sommes face à un phénomène de déflation similaire à celui observé dans les années 1930. » La morosité économique dans le pays pèsera, certes, sur le résultat des groupes bancaires, mais ce sont surtout les récentes réformes réglementaires et les nouvelles retombées de la crise des subprimes qui sont mises en cause. En attendant l'entrée en application de Bâle III, la réforme de Wall Street voulue par Barack Obama a déjà produit ses premiers effets. Pour Bank of America, la facture au troisième trimestre s'est élevée à plusieurs milliards de dollars. La banque anticipant les effets d'une loi limitant les commissions perçues sur le juteux marché des cartes de crédit, a déprécié la valeur de son activité « card services » de 10,4 milliards de dollars et prévoit la perte de 1,8 à 2,3 milliards de revenus par an. Pour JP Morgan, l'impact est de 750 millions. Un manque à gagner auquel viendra s'ajouter celui dû au très contraignant « Dodd-Frank Act », qui encadre le trading pour compte propre et la gestion alternative (hedge fund et private equity). nouvel écho des subprimesEn 2009, JP Morgan a enregistré près de 10 % de son produit net bancaire dans les deux métiers visés par le texte, tandis que Goldman Sachs a tiré plus de 25 % de ses bénéfices de son activité de private equity au troisième trimestre. Morgan Stanley, de son côté, s'apprête à faire une croix sur la majorité des recettes tirées de ses hedge funds, en cédant FrontPoint Partners à ses managers. Mais la plus lourde charge devrait provenir d'un nouvel écho de la crise des subprimes. De plus en plus d'investisseurs institutionnels exigent en effet le remboursement de tout ou partie des sommes investies dans les obligations adossées à des crédits hypothécaires. Les demandes se chiffrent en dizaines de milliards. Ce sont Bank of America et Wells Fargo qui devraient payer le plus lourd tribut : plus de 50 milliards de dollars pour la première et 40 milliards pour la seconde, d'après l'IRA. Une récente étude de JP Morgan situait le coût total des remboursements pour le secteur bancaire américain entre 55 et 120 milliards de dollars dans les cinq prochaines années. Alexandre Madde
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