Plan social : SFR supprime 1.123 emplois et en créera 267 autres

Les évaluations des syndicats sont confirmées ce mercredi matin : SFR vient d\'annoncer en comité central d\'entreprise un plan de départs volontaires portant sur 1.123 postes, s\'accompagnant de 267 créations d\'emplois, soit 856 suppressions en net (voir l\'article paru samedi), selon des sources syndicales concordantes. Dans un marché bousculé par l\'arrivée de Free Mobile en janvier, SFR évoque dans un communiqué « un projet de réorganisation de l\'entreprise en vue de sauvegarder sa compétitivité et d\'accélérer sa mutation vers le numérique » passant par « un plan de mobilité interne et de départs volontaires à hauteur de 856 emplois. » L\'opérateur, qui emploie environ 9.500 personnes, précise que « ce plan de transformation vise à maintenir les investissements de SFR dans les infrastructures très haut débit et à permettre de disposer d\'une organisation performante. »Ne pas franchir le « seuil symbolique » des 1.000 emplois Cette réorganisation s\'inscrit dans une stratégie de mutation d\'opérateurs télécoms en « opérateur numérique engagé. » La CGT, quatrième organisation syndicale chez l\'opérateur (derrière l\'Unsa, la CFE-CGC et la CFDT), a immédiatement réagi avec circonspection, dénonçant « des créations virtuelles. Il y a déjà 244 postes à pourvoir sur intranet, soit 23 nouvelles créations » et ironisant « ça c\'est 4G Ready ? » Le syndicat fait référence à la nouvelle campagne de l\'opérateur qui lance ce mercredi sa première offre commerciale de très haut débit mobile à Lyon. « Nous n\'avons aucune certitude que ces postes seront effectivement pourvus » relève Jean-Luc Martin, de la CFE-CGC. « Lors du précédent plan, en 2008, SFR avait annoncé 350 créations d\'emploi, il y en a eu moins de 100 en fait » se souvient Vanessa Jereb, de l\'Unsa. « La direction s\'est engagée auprès de Fleur Pellerin et Arnaud Montebourg de faire moins de 1.000 suppressions d\'emploi, les ministres nous l\'ont dit » affirme-t-elle. La direction ne cache qu\'« il y a des seuils symboliques » qu\'il faut éviter de franchir.  Un risque de « mobilité géographique forcée »Les représentants syndicaux ont commencé à décortiquer mercredi après-midi l\'énorme pavé de 750 pages du « livre II » du plan de transformation et se plaignent de l\'absence de tableau de synthèse. La CFE-CGC a tenté de ventiler les suppressions envisagées par métier et par site. En volume, c\'est la division grand public et professionnel (les équipes de Frank Cadoret) qui est la plus touchée avec 341 postes en moins (hors créations) suivie de la division réseaux et systèmes d\'information avec 323 suppressions et la branche entreprises Business Team (202 sur 2.152). En pourcentage des effectifs, le plus lourd tribut est payé par les ressources humaines (26% hors créations, 21% en net) et les fonctions supports (finance, etc) avec près de 20% de personnes en moins (17% en net), voire « 50% de moins à la communication » selon un délégué central. Si l\'Ile-de-France, en particulier le siège, la tour Sequoia à La Défense où travaillent 2.500 personnes, sera la plus affectée (538 postes en moins), les syndicats s\'inquiètent déjà pour certaines implantations en régions : Lyon devrait perdre 102 postes, dont 57 aux réseaux et SI, Toulouse 43 sur 120, dont 23 aux réseaux et SI. « Comment peut-on parler de volontariat quand il est question de supprimer 40% des postes à Toulouse ? » objecte Olivier Lelong, de la CFDT. « Si une activité est transférée de Toulouse à Paris, il y a un risque de mobilité géographique forcée » renchérit la déléguée syndicale de l\'Unsa. Des « mobilités forcées » comme chez France Télécom à l\'époque Lombard.« Ce sont les dirigeants qui n\'ont pas anticipé stratégiquement l\'impact de Free »« On ne comprend pas de telles réductions sur le réseau, cela nous inquiète. Pour vendre des services Gold, Silver, etc, il faut avoir le meilleur réseau, or il a déjà baissé en qualité et certains sites ne sont pas au niveau » fait valoir le représentant CFDT. Quant à la stratégie de la direction de transformer le groupe en « opérateur numérique engagé » (ONE), les syndicats raillent : « du numérique, on en fait déjà depuis pas mal d\'années » relève Jean-Luc Martin, de la CFE-CGC, « c\'est pour rendre plus belle la mariée aux yeux d\'un éventuel acquéreur » considère Vanessa Jereb à l\'Unsa. « S\'il s\'agit simplement de croiser les modes de ventes, c\'est juste de la com\' » estime Olivier Lelong. On sent aussi de l\'amertume et de la colère chez les salariés et leurs représentants à l\'égard des dirigeants « ces sont eux qui n\'ont pas su anticiper stratégiquement l\'impact de Free Mobile » martèle la déléguée centrale de l\'Unsa. « On nous dit qu\'il faut rendre l\'entreprise plus réactive et plus agile. Cet argument nous laisse pantois alors que cela fait un an qu\'on attend enfin une stratégie de la direction. On a eu 4 Pdg depuis le début de l\'année, Frank Esser, Jean-Bernard Lévy, Michel Combes qui n\'est finalement pas venu et Stéphane Roussel » observe le représentant de la CFDT. « Ce n’est pas l’arrivée de Free qui peut justifier le plan d’économie de SFR » fait valoir l’intersyndicale dans un communiqué commun, soulignant que « SFR dégage 12% de marge nette, soit 5 points de plus que la moyenne du CAC 40 » et que « l’impact de ce plan sur la profitabilité de SFR ne dépassera pas 1%. » En effet, « les charges de personnel représentent 7% chez nous et 6% chez Free, il n’y a pas grand-chose à gratter » analyse Olivier Lelong. Criant au scandale d\'avoir appris par un communiqué de presse envoyé dans la matinée que la direction voulait réunir les partenaires sociaux dès lundi prochain, le 3 décembre, pour « négocier les conditions d\'accompagnement des collaborateurs », les délégués syndicaux menacent de ne pas s\'y rendre. Un comité central d\'entreprise est prévu les 6 et 7 décembre avec les directeurs de chaque entité.  
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