Pourquoi les sites PurePeople font polémique

Le modèle PurePeople, avenir de la presse ? Le mode opératoire de Webedia (qui édite des sites comme PureTrend, PureMedias, PurePeople), où le journaliste doit faire la com’ des produits sur lesquels il est supposé écrire de l’information objective – a suscité l’émoi. L’éditorialiste Daniel Schneidermann d’Arrêt sur Images s’est par exemple demandé si les journalistes du groupe avaient leur carte de presse. En effet, la charte d’éthique du journaliste précise que son travail « ne peut se confondre avec la communication ». Autrement dit, pas question pour un journaliste de mettre leur plume au service d’intérêts privés. Les sites de la galaxie PurePeople, dont 70% des rédacteurs ont leur carte de presse (sur 81 en CDI et CDD), contreviennent donc aux règles les plus élémentaires de l’éthique journalistique.« J’assume totalement le positionnement infotainment»Interrogé sur ce point, Cédric Siré se justifie : « Pour être très clair sur le fond, j’assume totalement, notre positionnement « infotainment »… Et ce n’est pas parce qu’on fait du divertissement et/ou du publi-éditorial que l’on fait mal de l’information… on fait juste les deux.. Et sur nos thématiques, encore une fois très légères, ce n’est pas un problème. Là où il y a problème, c’est quand les titres de presse, dit sérieux, font la même chose parce que là il y a confusion des genres! Moi, je ne trompe personne, c’est même écrit noir sur blanc dans le « qui sommes nous » Comme les conditions générales de vente ou autres notices d’avertissement, pas sûr que l’internaute aille jusqu’à cette rubrique.Presse sérieuse contre presse légère ? Cédric Siré part donc du principe qu’il y aurait deux sortes de presse, l’une sérieuse (et donc intègre), et l’autre, qui peut s’autoriser plus de liberté. Principal problème : le lecteur, lui, pense, qu’il lise un papier sur l’UMP ou un comparatif sur les rouges à lèvres, avoir affaire à un article rédigé de façon indépendante. C’est sur ce crédit que vit la presse, et les sites PurePeople, qui entretiennent sciemment l’illusion de l’indépendance, n’échappent pas à la règle. Evidemment, les pratiques limites où flirtent information et communication ne sont pas l’apanage de Webedia. Elles sont monnaie courante dans la profession, en particulier dans la presse « conso » (féminine, voyage…) où les entreprises sont prêtes à payer de somptueux voyages et à offrir de coûteux cadeaux pour avoir un bon article… Mais en érigeant en modèle économique le mélange d’informations et de communication, Webedia franchit une nouvelle barrière.Peu de garde-fousA l’heure où la presse en ligne est prête à tout pour le moindre euro supplémentaire de chiffre d’affaires, ces pratiques se généraliseront-elles ? Elles risquent d’entamer un peu plus la crédibilité des médias déjà très mal en point, et le risque est grand de voir fuir le lecteur définitivement. Problème : il existe peu de garde-fous dans une profession qui s’auto-régule, et donc ne régule quasiment pas.
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