Des marchés boursiers difficiles à convaincre

7,5 % : tel est le pourcentage cédé par l'euro face au dollar depuis son point haut du mois de novembre, atteint au lendemain de la décision de la Réserve fédérale américaine de procéder à une deuxième phase d'assouplissement quantitatif. Théoriquement, l'annonce d'un programme de rachat de 600 milliards de dollars de titres de dette publique d'ici à fin juin aurait dû renforcer les attaques sur le billet vert. C'était sans compter sur les rebondissements de la crise souveraine des « Pigs », malades de la peste de la zone euro. En deux décades la monnaie unique des Seize est retombée de 1,4280 dollar à 1,32, seuil chartiste important qu'elle a menacé de crever à la veille du week-end, et qui constitue un plancher de deux mois.Si l'on en croit les prévisionnistes, cette dérive ne serait pas terminée. Le test de la barre de 1,30 est attendu par la plupart des stratèges change à brève échéance. Nordine Naam, le spécialiste de Natixis, prédit une chute de l'euro sur le seuil de résistance de 1,3080 dollar dans une première étape, puis à 1,28 dans les prochaines semaines. « Le marché craint l'après-2013, ou plus exactement un risque de restructuration des dettes des pays périphériques après les propos allemands suggérant une participation des banques » [au soutien des pays en difficulté, Ndlr], explique-t-il. Aucun expert, néanmoins, ne s'avance bien au-delà de ces pronostics tant les incertitudes sont grandes. Le grand absent des prévisions est le point bas de l'année atteint par l'euro au plus fort de la crise grecque, lorsqu'il était tombé à 1,1875 le 7 juin, au terme d'une dérive qui l'avait amputé de 18 % de sa valeur.En revanche, sur le front des taux à long terme, la situation est nettement plus dégradée qu'à l'époque. Pas plus tard que vendredi, l'écart entre les taux espagnols à dix ans, montés jusqu'à 5,28 % et ceux des emprunts d'État allemands de référence, a atteint un nouveau plafond historique et s'est creusé, à 260 points de base (2,6 %), contre 195 le 15 novembre. Les taux irlandais de même échéance ont bondi à un nouveau record depuis la naissance de l'euro, se hissant jusqu'à 9,24 %, tandis que, à 7,12 %, ceux du Portugal, le pays le plus susceptible d'être contaminé par le tigre celte terrassé, se rapprochaient du plafond pulvérisé le 11 novembre à 7,24 %.La remontée du risque souverain affecte également les indices boursiers. L'euphorie provoquée par les mesures d'assouplissement monétaire quantitatif de la Fed a fait long feu. Le plus-haut de deux ans et trois mois atteint par le Dow Jones à 11.444,08 points le 5 novembre dernier, paraît déjà appartenir à un lointain passé. En Europe, le compartiment des actions s'achemine vers son plus mauvais mois depuis août, à l'issue duquel l'Euro Stoxx 50 avait lâché 4,35 % et le CAC 40 4,18 %. La situation est logiquement plus critique du côté des pays dits périphériques. De Dublin à Lisbonne ou Porto, les décrochages oscillent entre 6 % et 12 % depuis début novembre. À Madrid, l'Ibex a perdu 13 % depuis ses plus-hauts du 22 octobre. I. C. et F. M.
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