Après une présidence de l'Union réussie, la Belgique retrouve ses divisions

La Belgique s'apprête à lâcher le 31 décembre les commandes de la présidence tournante de l'Union européenne - juste après avoir franchi le cap des 200 jours sans gouvernement... Jamais, le Royaume ne sera resté aussi longtemps au fond du trou. « Au moins les mineurs chiliens, eux, savaient qu'on viendrait les chercher ! », s'amuse un humoriste belge. La situation fait moins rire le Roi Albert II. « De l'opinion unanime de nos partenaires européens, la présidence belge (...) a été particulièrement réussie. Cela illustre bien les talents de notre pays lorsqu'il s'agit de rapprocher les points de vue. Notre diversité nous aide dans ces domaines », s'est d'abord félicité le souverain lors de son traditionnel discours télévisé de Noël, avant de regretter : « Et pourtant, cet art du compromis, il me semble qu'au sein de notre propre pays, nous l'avons quelque peu oublié ces dernières années. » En fait, la présidence de l'Union aura été la bouteille d'oxygène des « mineurs » belges qui, faute de pouvoir agir au niveau national, ont consacré toute leur énergie à conclure des dossiers compliqués au niveau européen : supervision financière, fonds spéculatifs, agences de notation, budget européen 2011, brevet européen, initiative citoyenne ou encore mise sur les rails du nouveau service diplomatique. La principale préoccupation des milieux européens à l'entame de cette présidence concernait le passage de témoin entre les ministres démissionnaires, qui avaient préparé les dossiers, et le nouveau gouvernement. Finalement, faute d'accord sur une coalition entre les nationalistes flamands au Nord et les socialistes francophones au Sud, que tout oppose ou presque, cette transition n'a toujours pas eu lieu. « Proposition de compromis »L'objectif poursuivi par les premiers d'une « évaporation » de la Belgique fédérale, à travers une profonde régionalisation des compétences, se conjugue mal avec la volonté des seconds du maintien de l'unité du pays et des transferts financiers qui l'accompagnent. À la demande du roi, le socialiste flamand Johan Vande Lanotte, énième démineur, doit présenter le 3 janvier une « proposition de compromis global ». Habitués à cet état de crise quasi permanent depuis quelques années, les Belges semblent moins préoccupés par la situation politique que par l'enneigement des routes. Le statu quo arrangerait même beaucoup de contribuables car la formation d'un gouvernement entraînera nécessairement des hausses d'impôts pour assainir l'économie. La pression pour former un gouvernement pourrait donc venir de l'extérieur, sur ce pays dont la dette publique équivaut presque à 100 % du PIB. De l'aveu même du ministre des Finances, le temps presse : « Je suis sûr que les spéculateurs vont attaquer la Belgique si, au premier trimestre 2011, des décisions budgétaires ne sont pas prises », a déclaré Didier Reynders.
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