La croissance molle s'installe en France

Le Père Noël n'a pas été très tendre avec Christine Lagarde. Au pied du sapin de la ministre de l'Économie, il a laissé une petite révision à la baisse de la croissance au deuxième et au troisième trimestres. En effet, le PIB a progressé de 0,59 % au deuxième trimestre, et non pas de 0,66 % comme annoncé initialement par l'Insee. Au troisième trimestre, il n'a plus augmenté de 0,36 %, mais de 0,29 %. Ces révisions ne remettent pas en cause l'objectif de croissance annuelle du gouvernement. « Les petites révisions derrière la virgule ne sont pas réellement significatives. Compte tenu de l'acquis de croissance, de 1,4 % à la fin du troisième trimestre, le 1,5 % de croissance visé sera atteint sans problème », assure l'entourage de la ministre. Oubliant au passage que le 13 décembre, Christine Lagarde sur RMC tablait encore sur « un gros 1,6 % »...On pourrait se réjouir que la France et la zone euro, avec qui elle réalise les deux tiers de son commerce extérieur, sortent plus tôt que prévu de la crise la plus sévère depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. En effet, le choc d'offre a été tel que la plupart des économistes, au plus fort de la tempête, pensaient que les pays industrialisés panseraient leurs plaies pendant plusieurs années. Problème : la France semble simplement avoir retrouvé le chemin de la croissance molle, à un niveau inférieur à celui observé avant la récession. Un pari oséPour mémoire, la croissance annuelle tricolore n'a dépassé la barre des 2 % qu'à trois reprises depuis 2001 : en 2004 (+ 2,5 %), en 2006 (+ 2,2 %) et en 2007 (+ 2,4 %). Alors que le gouvernement cherchait par des réformes de structures à relever la croissance potentielle de la France de 2,1 % à 3 % avant la crise, il espère maintenant atteindre les 2 % en 2011. Un pari considéré comme assez osé pour certains économistes (lire ci-contre), sachant que la crise a « coûté » 0,4 point de PIB à la croissance potentielle, celle-ci s'élevant désormais à 1,7 % sur la période 2009-2013.Réellement osé ? Les motifs d'espoirs existent (lire ci-dessous), mais un doute subsiste quant à la capacité des leviers d'entraînement de l'économie. En outre, on attend toujours les effets des réformes structurelles engagées depuis 2007. On le sait, il faudra du temps pour que la loi de modernisation économique, le triplement et la simplification du crédit d'impôt recherche, les multiples mesures en faveur de l'industrie (conférence nationale de l'industrie, grand emprunt, pôles de compétitivité...), la réforme des retraites produisent leurs effets sur la croissance. Selon les économistes, ce sont les réformes engagées début 2000, notamment celles portant sur le marché de l'emploi et le soutien accordé aux écosystèmes industriels par le gouvernement Schröder, qui expliquent le fort rebond de la croissance allemande. Il n'y a plus qu'à attendre une demi-décennie.
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