Les tensions en Côte d'Ivoire rendent le marché du cacao volatil

La tentative de médiation entreprise mardi par les présidents du Bénin, du Cap Vert et du Sierra Leone auprès du président sortant de Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, n'a pas calmé les tensions sur le marché du cacao dont le pays est premier exportateur mondial. Les cours grimpaient de nouveau (+ 1,2 % à 3.077 dollars par tonne) sur le marché américain, le marché londonien étant fermé jusqu'à mercredi. Ils affichent une progression de 8 % en dollars depuis la proclamation des résultats des élections début décembre. Dans le même temps, les affrontements entre le camp du président élu, Alassane Ouattara, et celui du président sortant, ont déjà fait plus de 170 morts selon l'ONU. Comme le reste de l'activité économique du pays, la filière cacao a visiblement été perturbée par l'instabilité politique. Selon des chiffres publiés mardi par la Côte d'Ivoire, les exportations de fèves ont chuté de 16 % en novembre par rapport à l'année dernière. le broyage ne suit pasEn théorie, le marché du cacao en 2011 aurait dû être équilibré en raison d'une offre importante, favorisée par des pluies en Afrique de l'Ouest. La production ghanéenne, qui correspond à 20 % de la demande mondiale contre 40 % pour la Côte d'Ivoire, est plutôt importante cette année. De surcroît, la demande de cacao n'est pas aussi vigoureuse que celle de chocolat. Malgré une demande de chocolat en hausse de 3 à 4 % par an, le broyage des fèves ne suit pas. Il devrait progresser de 2,5 % pour la saison 2010/2011 à 3,6 millions de tonnes, un niveau relativement faible puisqu'il se rapproche du plus-bas sur 10 ans de 2008, soit 3,5 millions de tonnes. Un paradoxe qui s'explique, selon Rabobank, par les stratégies de substitution des industriels qui tentent de protéger leurs marges soit en réduisant la taille de leurs barres chocolatées, soit en remplaçant le beurre de cacao par de l'huile de palme, nettement moins chère. Une susbstitution qui expliquerait partiellement le recul des cours du cacao, de 30 % depuis la mi-juillet sur le marché londonien. A l'époque, les industriels du chocolat avaient milité pour modifier les règles du Nyse Liffe, après avoir appris qu'un seul intervenant détenait l'essentiel des stocks physiques de fèves.Mais la substitution n'est pas éternelle, et « les acheteurs sont en train de revenir sur le marché, d'autant que l'hypothèse de sanctions commerciales avec la Côte d'Ivoire fait peur », estime un spécialiste. A. R.
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