Le regard d'Hélène Fontanaud : Croc de boucher élyséen, estocade languedocienne

Que retiendra-t-on de cette semaine ? Sans doute pas l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy, malgré le pic d'audience sur TF1, malgré cette empathie affichée, costume sombre et visage triste, pour ce panel de onze Français victimes de la crise. On retiendra plutôt une autre figure, les traits émaciés de Dominique de Villepin, après son Austerlitz judiciaire dans l'affaire Clearstream, et ses premiers mots, sans « rancune » ni « rancoeur » à l'adresse du chef de l'Etat, saluant même le retour de « l'honneur en politique ». Mais le soupçon est dans toutes les têtes au lendemain de la relaxe de l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac. Car le parquet a annoncé sa décision d'interjeter appel, semant une fois de plus le doute sur l'indépendance de la justice vis-à-vis du pouvoir. Dominique de Villepin devra donc revenir devant des juges fin 2010 ou début 2011. « Acharnement et haine », a dénoncé vendredi celui que Nicolas Sarkozy avait promis au « croc de boucher » pour défendre son « honneur blessé » par la sombre affaire des faux listings luxembourgeois. Simple recherche de vérité, ont répondu les partisans du chef de l'Etat. « Je suis le Villepin de Martine Aubry »« La vengeance déguisée en justice, c'est notre plus affreuse grimace », écrivait François Mauriac, hanté par les procès terribles de l'épuration au lendemain de la Libération. Puisque l'esprit de revanche va désormais guider le chef de l'Etat comme l'ancien lieutenant de Jacques Chirac, les proches de Nicolas Sarkozy comme ceux de Dominique de Villepin, nul ne sait quelles seront les conséquences de ce réveil de la guerre des droites lors de la présidentielle de 2012. « Je suis le Villepin de Martine Aubry »... Décidemment, Georges Frêche a le sens de la formule. Mais cette fois, le président de la région Languedoc-Roussillon, déjà exclu du Parti socialiste par François Hollande en 2007 pour ses dérapages verbaux sur les harkis ou les footballeurs noirs de l'équipe de France, est venu « chercher la punition », comme on dit des taureaux de corrida. L'occasion est trop belleEn jugeant « pas catholique » la « tronche » de Laurent Fabius, le baron de Montpellier a offert l'estocade à Martine Aubry. Et la première secrétaire du PS, qui avait sérieusement cafouillé ces derniers jours sur la retraite à 60 ans, a saisi l'épée sans trembler. Car l'occasion est trop belle pour celle qui se voit de plus en plus comme la candidate du PS à la présidentielle. La crise en Languedoc-Roussillon permet à Martine Aubry de conforter sa stature de chef... et de faire le ménage dans une fédération qui était loin de lui être acquise pour les primaires de désignation du champion du PS en 2012. En annonçant la constitution d'une liste alternative à celle de Georges Frêche, pourtant soutenu par le PS local, Martine Aubry a souligné que « l'honneur de la gauche est en cause ». Honneur, le mot de la semaine.
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