Fed : Ben Bernanke reconduit mais affaibli

Après des semaines d'atermoiements, et à trois jours de l'expiration de son premier mandat, Ben Bernanke a été reconduit jeudi soir à la tête de la Réserve fédérale américaine pour quatre ans, avec le soutien d'une partie de l'opposition républicaine. Les sénateurs, dont dépendait le sort de l'un des hommes les plus puissants du monde, ont voté sa reconduction par 70 voix contre 30. En revanche, 11 démocrates ont refusé de cautionner le choix du président Obama, qui avait fait savoir dès le 25 août qu'il était favorable à une renomination de Ben Bernanke. C'est la plus forte opposition à une reconduction jamais enregistrée depuis 1978, époque à laquelle le Sénat a commencé à jouer un rôle clé dans la nomination à ce poste. Par comparaison, Paul Volcker avait été confirmé par le Sénat en 1983 par 84 voix contre 16.Des pouvoirs contestésMais on n'ose imaginer ce qui se serait produit si la candidature de Bernanke, qui a affronté la plus grave crise depuis 1929, n'avait pas été approuvée et si les rênes de la Fed étaient revenues à une personnalité moins expérimentée que lui. Il ne fait guère de doute que les marchés, américains et étrangers, auraient été déstabilisés, mettant en péril un retour à la croissance qui reste à confirmer. Il n'empêche que la Fed sort affaiblie de ce bras de fer, au moment où les pouvoirs de l'institution sont contestés. Un nombre grandissant de hauts responsables américains jugent, en effet, que sa gestion de la crise a été trop favorable à un système bancaire souvent qualifié d'irresponsable. Plusieurs membres du Congrès sont en effet tentés d'imposer un contrôle accru sur la Fed et de restreindre son pouvoir de supervision du système bancaire. Du coup, la défense de l'indépendance de la Fed promet d'être, avec le pilotage de la sortie de crise, l'un des principaux défis du deuxième mandat de Ben Bernanke. Les pressions pour que la banque centrale maintienne son taux directeur à un niveau voisin de zéro pendant la période la plus longue possible vont monter en régime à mesure que se rapproche l'échéance d'une inflexion de sa politique monétaire. Car, le formidable gonflement du déficit budgétaire qu'a nécessité, de la part des pouvoirs publics, la gestion de la crise, s'accommoderait mal de conditions de crédit moins laxistes qui alourdiraient considérablement le service de la dette.
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