Bruxelles inquiète les géants miniers australiens

La nouvelle pouvait difficilement être plus mauvaise pour BHP Billiton et Rio Tinto. L'ouverture d'une enquête par la Commission européenne sur le futur regroupement de leurs gisements de minerai de fer, dans la région du Pilbara, provoque des sueurs froides chez les deux géants miniers depuis son annonce en début de semaine. « La décision était attendue, mais les deux compagnies espéraient que la commission prendrait en compte l'ensemble de la production mondiale et non pas uniquement les volumes transportés par voie maritime », explique Glyn Lawcock, analyste chez UBS. Bien décidée à examiner les incidences négatives d'une éventuelle alliance des deux mastodontes sur le marché mondial du minerai de fer, la Commission européenne a préféré exclure les volumes de production chinois de ses investigations, pour uniquement se concentrer sur les tonnages exportés mondialement. Une décision qui donne encore plus de poids au regroupement annoncé en décembre dernier par les responsables des deux compagnies anglo-australiennes.Seules trois compagnies exportent leur minerai En effet, si les 336 millions de tonnes extraites chaque année dans le Pilbara ne représentent que 15 % de la production mondiale, elles pèsent pour plus d'un tiers dans les exportations. Une concentration vite jugée « inacceptable » par Eurofer, la confédération des sidérurgistes européens, qui craint les « conséquences restrictives d'une telle fusion en matière de tarification ». Surtout que le marché est déjà très concentré, puisque seules trois compagnies exportent aujourd'hui leur minerai de fer. Le brésilien Vale représente à lui seul près d'un tiers des volumes, suivi donc par Rio Tinto et BHP Billiton qui, depuis leurs mines d'Australie, fournissent respectivement 18,6 % et 17,1 % des besoins du secteur. « Les deux géants ont beau rappeler que la future coentreprise conservera deux circuits de vente indépendants, les chiffres ne plaident pas en leur faveur », reconnaît Glyn Lawcock. L'Europe n'est pas la seule à craindre la constitution d'un éventuel duopole. La Chine doit également ouvrir sa propre enquête, ainsi que l'Australie, dont l'avis doit être rendu dans les prochains mois.
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