Revalorisations : les enseignants restent sur leur faim

Après deux ans d'attente, les revalorisations salariales des enseignants annoncées dimanche soir par Luc Chatel sont loin de satisfaire les syndicats, outre la méthode choisie (par voie de presse, l'avant-veille d'une réunion multilatérale au ministère). A partir du 1er septembre, 190.000 enseignants (20.000 débutants désormais diplômés à Bac + 5 et 170.000 en fonction depuis sept ans au plus) sur un total de 857.000 vont ainsi bénéficier d'une augmentation nette mensuelle de 157 euros (professeurs des écoles et certifiés) ou de 259 euros (agrégés).C'est l'hypothèse basse des scénarios proposés par le ministère depuis fin 2009. « On remet à niveau, mais de justesse », juge Marcel Pochard, conseiller d'Etat qui avait remis en 2008 un rapport sur l'évolution du métier d'enseignant à Xavier Darcos. Pourtant, tant celui-ci que son successeur Luc Chatel ont maintes fois souligné, chiffres de l'OCDE à l'appui, la faible rémunération des enseignants français (dans le primaire, ils travaillent 100 heures de plus que la moyenne de l'OCDE, mais gagnent 5.000 euros de moins par an après 15 ans d'exercice). Depuis 2000, rappelle ainsi Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, « les fonctionnaires ont perdu 9 % de pouvoir d'achat ». Pour preuve, note Thierry Cadart, secrétaire général du Sgen-CFDT, une bonne partie des enseignants en fin de carrière bénéficient de l'indemnité Gipa (garantie individuelle du pouvoir d'achat, qui vise à compenser la baisse des revenus des fonctionnaires). RattrapageUn enseignant débute aujourd'hui à 1.342 euros net comme, à peu de choses près, en 2000. Alors qu'en tenant compte de l'inflation, il devrait aujourd'hui gagner 140 euros de plus, calcule Guy Barbier, secrétaire national du SE-Unsa. Par conséquent, la revalorisation annoncée rattrape le retard, mais pour un nombre finalement réduit de bénéficiaires, puisque les échelons sont très courts et que le montant de l'augmentation se réduit dès le 2e échelon.Il faut dire que les arbitrages entre la rue de Grenelle et Bercy ont été serrées. Le coût de cette revalorisation, de 196 millions d'euros, s'ajoute au 1,2 milliard consacré aux heures supplémentaires en 2010, rappelle-t-on rue de Grenelle. Sans compter la prime de 500 euros versée aux enseignants effectuant au moins 3 heures supplémentaires par semaine. Mais c'est justement ce que redoutent les syndicats : un recours accru aux heures supplémentaires et une individualisation des rémunérations. Bien qu'une modification des obligations de services ne soit pas d'actualité, assure le ministère.
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