Les Sagas de BFM Radio

STRONG>MéritocratiqueElle déboule en tailleur gris et s'étonne encore d'être là. Jeannette Bougrab, toute jeune présidente de la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité), n'en revient pas. Fille d'ouvrier, de harki, femme, d'origine algérienne, la Berrichonne cumulait pourtant les handicaps mais elle s'interdit le défaitisme?: « Quand je vois ce que mes parents ont été capables de traverser, je me dis que les éventuels obstacles qui sont devant moi ne sont rien et que je n'ai pas le doit de me plaindre. »Celle qui se définit comme « une très bonne élève », tendance « besogneuse », débute des études de droit à Orléans qu'elle poursuit avec un doctorat à la Sorbonne, une thèse sur les origines de la Constitution de la IVe République. Elle devient juriste au Conseil constitutionnel où elle rencontre Pierre Mazeaud. L'éminent juriste devient son premier parrain parce qu' « il faut remplacer ce que nous n'avons pas de manière naturelle grâce à nos origines sociales, ou notre école », glisse-t-elle. Car la belle cumule les tuteurs. Elle trouve le second en la personne d'un ancien Premier ministre, alors président de l'UMP, Alain Juppé. Le maire de Bordeaux lui confie la rédaction de différents rapports avant de l'adouber dans le 18e arrondissement de Paris aux élections législatives de juin 2007. L'échec est cuisant. Peu soutenue par sa famille politique, parachutée dans une circonscription réputée imprenable depuis le départ de son mentor, la jeune femme perd face au député socialiste sortant Christophe Caresche. Elle s'éloigne du combat politique, et lui préfère la logique juridique. Nicolas Sarkozy la soutient pour intégrer le Conseil d'État en 2007 au tour extérieur avant de la décorer de l'Ordre national du Mérite l'année suivante. « Il m'a fait redevenir ce que j'étais plus jeune, cette gamine combative parce que l'université m'avait peut-être un peu éteinte », souligne Jeannette Bougrad à l'évocation du président de la République. La jeune femme de Châteauroux est aujourd'hui à la tête de la Halde. Une institution qui pourrait se fondre dans le futur défenseur des droits. Une option que Jeannette Bougrad refuse?: « Je me battrai comme une tigresse » pour sauver la Halde, déclare-t-elle à qui veut l'entendre. Un poste de vigie pour celle qui connaît encore les discriminations, malgré son brushing.Charlotte Richard
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