Un nouvel eldorado pour

« L'agriculture est vraiment le dernier bastion des matières premières à découvrir pour les investisseurs. » Mi-juillet, Richard Royds, de BlackRock, un géant américain de la gestion d'actifs, battait le tambour pour son nouveau fonds d'investissement agricole. Lors d'un luxueux petit déjeuner au coeur de Borough Market, un marché alimentaire de Londres haut de gamme (connu pour ses prix très élevés), il tentait de convaincre de l'intérêt d'investir dans cette nouvelle classe d'actifs.Il n'est pas le seul. Début 2009, la société de gestion Barings faisait de même en lançant son fonds agricole mondial, qui a désormais 110 millions de livres (130 millions d'euros) d'encours. Allianz, Sarasin & Partners, Castlestone Management, Eclectica Asset Mangement, pour n'en citer que quelques-unes, ont toutes fait de même en 2007 ou 2008. Le tout premier fonds agricole de Goldman Sachs remonte même à 1991.Ce soudain intérêt des investisseurs commence cependant à sérieusement faire grincer des dents. L'association britannique World Development Movement vient de tirer la sonnette d'alarme?: dans un rapport intitulé « Jouer le loto de la faim », elle avertit que la spéculation sur les matières agricoles provoque une forte instabilité des prix, aux conséquences humaines profondes. « Permettre de jouer sur la faim sur les marchés financiers est dangereux, immoral et indéfendable », note le rapport.Il se concentre particulièrement sur le pic des prix agricoles en 2007 et 2008, qui avait provoqué des émeutes de la faim dans plusieurs pays pauvres. « Entre 2002 et mi-2008, le nombre de contrats de produits dérivés sur les matières premières a augmenté de plus de 500 %. » L'association cite un rapport de 2009 de la Cnuced (Nations unies) qui estime qu'entre 2006 et 2008 les spéculateurs dominaient les marchés agricoles?: 65 % des contrats dans le maïs, 68 % dans le soja et 80 % dans le blé étaient détenus par des investisseurs sans lien avec l'offre et la demande réelle.Les investisseurs se défendent en affirmant qu'ils ne font que refléter les tendances provoquées par l'offre et la demande. World Development Movement réplique que la spéculation amplifie les phénomènes, provoquant une instabilité très difficile à gérer pour les agriculteurs.Cependant, les sociétés de gestion elles-mêmes ont partiellement été échaudées par les bonds des matières agricoles. C'est pourquoi les nouveaux fonds agricoles lancés ces dernières années n'investissent souvent pas directement dans les matières premières agricoles. BlackRock, par exemple, met son argent dans des actions d'entreprises exposées au secteur, que ce soit les fabricants de tracteurs, les sociétés agroalimentaires ou les commerçants d'engrais. Éric Albert, à Londre
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