Financer la transition énergétique : le casse-tête allemand

Le gouvernement allemand vient d\'adopter ce mercredi 29 août un plan de soutien à l\'éolien en mer. C\'est le troisième plan en faveur des énergies renouvelables en un an, et son objectif est d\'assurer les opérateurs contre les risques financiers et donc de rassurer les investisseurs. Le pays mise gros sur cette énergie pour assurer sa sortie du nucléaire, prévue pour s\'échelonner d\'ici à 2022.Limiter l\'impact sur la facture des ménagesLe coût pour les ménages devrait être limité, avec une augmentation qui ne devrait pas dépasser 8,75 euros pour une famille consommant 3.500 kWh par an et dont la facture annuelle s\'élève à 900 euros. A 25,3 euros les 100 kilowattheures (kWh), l\'Allemagne affiche déjà le prix de l\'électricité le plus élevé d\'Europe après le Danemark (29,8 euros/100 kWh).Et à un an des prochaines élections législatives allemandes, le poids financier pour les particuliers de la transition énergétique décidée par le pays n\'en finit pas d\'alimenter le débat. Il faut dire que ce poids est d\'autant plus lourd, que les entreprises les plus consommatrices d\'électricité ont été exemptées de contribuer au financement de cette transition énergétique afin de ne pas grever leur compétitivité. Ces derniers jours, ce sont les patrons de deux des quatre principaux groupes énergétiques, RWE et Vatenfalls, mais aussi le ministre de l\'Environnement lui-même, qui ont relancé le débat.150 milliards d\'euros d\'ici à 2020 ?Dans des entretiens à la presse, les premiers ont insisté sur le coût certainement plus élevé que prévu du développement des énergies renouvelables. Tuomo Hatakka (Vattefall Europe) a chiffré le coût de la transition à 150 milliards d\'euros d\'ici à 2020, ce qui entraînerait selon lui une hausse de 30 % du prix de l\'électricité acquitté par les ménages. La majeure partie de ce coût est liée à l\'éolien offshore (qui a rencontré de nombreux obstacles techniques, financiers et de calendrier ces derniers mois) et à la nécessité de renforcer et d\'allonger le réseau électrique, à la fois pour y injecter une électricité issue de multiples sources d\'énergie, dont la plupart intermittentes, et pour transporter cette électricité depuis les zones de production à celles de consommation. Pour les grands énergéticiens, qui ont beaucoup à perdre de la sortie du nucléaire, le chantier du réseau électrique représente en revanche une belle opportunité.Le ministre de l\'Environnement freine sur les énergies renouvelablesMais cette estimation de 150 milliards d\'euros est rejetée par le ministre de l\'Environnement Peter Altmeier. En tant que membre de la CDU d\'Angela Merkel et à quelques mois d\'échéances électorales, il est d\'ailleurs bien décidé à contenir l\'augmentation du prix pour les ménages.C\'est sans doute ce qui l\'a conduit à faire des déclarations pour le moins étonnantes étant donné sa fonction, insistant sur la nécessité...de ne pas trop développer les énergies renouvelables ! Estimant qu\'avec déjà 25 % de son énergie issue de sources alternatives l\'Allemagne est en bonne voie pour atteindre son objectif de 35 % en 2020, il ne juge pas souhaitable qu\'elle dépasse cet objectif. Cela risquerait en effet selon lui de générer un surplus d\'énergie, des dysfonctionnements du réseau et même des risques sur la sécurité des approvisionnements dans le cas où les centrales thermiques actuellement en fonctionnement seraient fermées trop rapidement. Sans surprise, ces propos ont suscité de vives réactions chez les Verts allemands.Nul doute que les déboires de notre voisin, qui se distingue par son volontarisme politique en faveur d\'une transition vers une énergie décarbonée ET dénucléarisée, seront bientôt agités par les différentes parties prenantes au débat français. 
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