BNP Paribas se libère de sa dette envers l'état

Une fois de plus, BNP Paribas a pris de court ses concurrents. Moins d'une semaine après avoir indiqué au « Financial Times » que la banque rembourserait l'aide de l'État avant juin 2010, Baudouin Prot, directeur général, a annoncé hier une augmentation de capital de 4,3 milliards d'euros d'actions ordinaires pour rembourser les 5,1 milliards d'euros d'actions de préférence souscrites par l'État le 31 mars dernier. Le remboursement sera effectif le 28 octobre, sept mois après que la banque française a souscrit à la deuxième tranche d'aide. Son coût pour la banque s'est élevé à 226 millions d'euros (taux d'intérêt de 7,65 % sur 5,1 milliards d'euros prorata temporis). Le solde entre le remboursement et la levée de nouveaux capitaux est dû au paiement du dividende en actions (750 millions d'euros de fonds propres en plus) et à l'augmentation de capital réservée aux salariés (260 millions). L'action sera émise au prix de 40 euros, soit 29 % de moins que son cours de la veille, sur la base d'1 action nouvelle pour 10 actions ordinaires. Axa a annoncé hier qu'elle souscrirait à hauteur de sa participation, tandis que l'État belge se prononcera d'ici au 12 octobre.D'emblée, à la différence de ses homologues américains, Baudouin Prot a souligné que cette opération d'extraction de l'État n'avait pas vocation à délier la banque de ses engagements : « juridiques et moraux », ils ont été « réaffirmés solennellement ». S'agissant du timing, Baudouin Prot l'a expliqué par « le contexte de marché favorable aux banques ». Ce que souligne un analyste : « Avec sa seule capacité bénéficiaire, BNP Paribas aurait mis plusieurs semestres à rembourser sur ses ressources. Le marché attendait l'augmentation de capital, reporter davantage aurait été intenable. » En outre, la démarche de BNP Paribas s'inscrit dans un mouvement européen : la norvégienne DnB Nor a lancé une augmentation de capital de 1,6 milliard d'euros tandis que l'espagnol BBVA a vendu pour 2 milliards d'euros d'obligations convertibles. Hier, des rumeurs bruissaient d'annonces comparables chez Intesa et UniCredit.Reste que l'augmentation de capital est sans effet sur le niveau des fonds propres de la banque et sur sa notation. Pourtant, souligne Elisabeth Grandin, analyste crédit chez Standard & Poor's, « l'opération n'augmente pas le niveau des fonds propres réglementaires, mais pour nous si, et elle renforce la qualité de leur capital car les actions de préférence sont remplacées par des actions ordinaires. Cela donne à BNP Paribas une marge de man?uvre face à une récession qui durerait. Pourtant, le marché, qui a réagi positivement a l'annonce hier (+ 2,35 %) s'interrogeait : pourquoi BNP Paribas n'a-t-elle pas levé davantage ? Selon un analyste, augmenter les actifs pondérés des risques de 5 % nécessiterait 3 milliards d'euros de fonds propres supplémentaires. Il en déduit que, si la banque n'a pas demandé plus, c'est qu'elle considère ce niveau suffisant pour croître, en arbitrant entre différents actifs (réduire tel métier pour accroître tel autre) sans modifier son volume global d'actifs pondérés.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.