La croissance britannique sera médiocre en 2011 et 2012

Avec la zone euro qui traverse la plus sérieuse crise de son existence, le gouvernement britannique se délecte. Non seulement les conservateurs au pouvoir sont plus que jamais renforcés dans leur idée de ne jamais rejoindre la monnaie unique, mais en plus l'économie britannique est jusqu'à présent plus ferme qu'attendue.Ce lundi, l'Office of Budget Responsability (OBR), un organisme formellement « indépendant » chargé de réaliser les prévisions officielles du gouvernement, a révisé à la hausse sa prédiction de croissance pour 2010 : 1,8 % au lieu de 1,2 % qu'il avait prévu en juin. Cette amélioration s'accompagne aussi d'une forte révision à la baisse du nombre d'emplois qui seront supprimés dans la fonction publique dans les quatre prochaines années : de 490.000 à 330.000, ce qui ne correspondrait qu'à 5 % de la fonction publique. Les 160.000 emplois ainsi « sauvés » viennent (outre d'une nouvelle méthodologie) d'un changement de priorité du gouvernement britannique. Fin octobre, en annonçant ses coupes budgétaires, celui-ci a décidé de réduire les dépenses un peu moins que prévu, en compensant par de fortes réductions des allocations sociales. Cet apparent redressement de l'économie britannique est cependant en trompe-l'oeil : l'OBR a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2011 et 2012 (voir tableau). L'organisme demeure relativement pessimiste : « l'économie va continuer sa reprise, mais moins vite qu'après les récessions des années 1970, 1980 et 1990. » Le lent redressement des banques, qui se traduit par des prêts difficiles à obtenir, notamment pour les PME, limite la croissance.OBR trop optimisteDe plus, la (relative) bonne santé de l'économie actuelle est avant tout un effet mécanique, d'après l'OBR : reconstitution des stocks d'une part, et dépenses des ménages accélérée avant la hausse de la TVA à 20 % le 1er janvier 2011. « Les prévisions de l'OBR ne sont certainement pas un vote de confiance envers le gouvernement », estime Vicky Redwood, de Capital Economics. De plus, la plupart des économistes pensent que l'OBR demeure trop optimiste. Capital Economics prévoit par exemple la suppression de 750.000 emplois dans la fonction publique (y compris collectivités locales) et une croissance de 1 % en 2011. Parmi les principales incertitudes se trouve la croissance de la zone euro : la Grande-Bretagne compte largement sur les exportations pour relancer son économie, mais celles-ci se font largement vers l'Europe. Pas moins de 13 % partent vers l'Irlande ! Les conservateurs britanniques feraient bien de ne pas trop ricaner des problèmes de l'euro...
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