Monet reçoit dans son musée

Vous ne verrez pas « Impression, soleil levant », le célèbre tableau de Claude Monet (1840-1926), qui donna son nom au mouvement impressionniste, à l'exposition « Monet » aux Galeries nationales du Grand Palais. Pour le contempler, il faut se rendre au musée Marmottan Monet. L'institution privée a en effet souhaité exposer en solo sa propre collection d'oeuvres du peintre. Il faut dire que ce musée abrite la plus grande collection de Monet au monde : il y avait donc de quoi faire. « Claude Monet, son musée » propose un accrochage très condensé de quelques 136 oeuvres du peintre. Toutes les salles, galeries et rotondes de cet hôtel particulier plein de charme ont été réquisitionnées pour permettre de montrer tableaux, dessins et pastels. Le parcours est thématique, permettant ainsi d'appréhender l'extrême diversité de la production du peintre. Des caricatures (exécutées par Monet alors qu'il n'est qu'un jeune Havrais encore inconnu), aux portraits intimes de sa famille (Monet n'exposera jamais les portraits de son fils cadet Michel, mais les gardera toujours avec lui), la visite nous emmène sur les traces des différents voyages du peintre dans toute l'Europe, de l'Italie à la Norvège, en passant par la Grande-Bretagne. Là, notre homme apprend à saisir la lumière, ses changements, ses reflets. Entre la grisaille de la Tamise et l'atmosphère scandinave, sa touche s'affirme. Il tente des expériences, comme avec « la barque » (1887), un motif qui reviendra souvent dans ces peintures. Dans ce tableau, l'artiste porte son intérêt sur l'étude des herbes aquatiques, ondulant au gré des mouvements de l'eau : « C'est admirable à voir, mais c'est à rendre fou de vouloir faire ça », écrira Monet. Des séries les plus connues, comme « la Meule » ou « la Cathédrale de Rouen », le musée expose quelques oeuvres, sans néanmoins s'attarder sur l'aspect expérimental et sériel de ce type d'oeuvre, ce que l'on pourra regretter. Le point d'orgue de l'accrochage est évidemment la rotonde des « Nymphéas », au sous-sol du musée. La salle s'est parée des plus belles oeuvres du maître de Giverny, pont japonais, saules pleureurs, iris ou agapanthes. La couleur éclate, virevolte, explose dans ces motifs privilégiés de Monet. Atteint d'une cataracte dans les dernières années de sa vie, le peintre perd progressivement la vue. Le motif semble alors noyé dans la couleur et la touche, la peinture approche la frontière de l'abstraction, dans un mouvement et un tournoiement exceptionnels. Placées en fin de parcours, ces grandes toiles expriment toute la maîtrise d'un peintre à l'apogée de son art. « Claude Monet, son musée », au musée Marmottan Monet, jusqu'au 20 février, www.marmottan.com.
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