La fin du grand gaspillage

Si la conférence de Copenhague s'est achevée sur une grosse déception, la décennie qui s'ouvre n'en sera pas moins marquée par le souci croissant de cesser le pillage des ressources de la planète. Avec, pour cela, deux impératifs : gaspiller moins et recycler mieux. Dans tous les domaines. Le mouvement est déjà largement amorcé. Davantage par souci d'économie, d'ailleurs, que par réelle volonté de préserver les stocks de matières premières de la planète. La flambée des cours du pétrole en 2008, avec un baril frôlant les 150 dollars, a stimulé les neurones des ingénieurs et incité les politiques à édicter des normes plus sévères. Pour le bâtiment, notamment, où le Grenelle de l'environnement va contraindre les constructeurs à ramener la consommation en énergie primaire des immeubles neufs de 105 kilowattheures par mètre carré en moyenne aujourd'hui à 0 en 2020. Ce qui oblige les architectes à repenser complètement la conception de leurs bâtiments.Dans les transports aussi, la révolution est en marche, stimulée là encore par la hausse vertigineuse des prix du pétrole. Les nouvelles générations d'avions qui entreront peu à peu en service, de l'A380 d'Airbus au B787 de Boeing en passant par le Bombardier CSeries, promettent des économies de 20 % sur la consommation de kérosène par passager transporté. Dans l'automobile, des projets de voitures plus sobres en essence ou totalement électriques fleurissent chez la plupart des constructeurs (voir encadré). Et c'est durant cette décennie que s'opéreront les choix et la structuration du marché. « Avec probablement une voiture à moteur thermique ou hybride pour les longs trajets et un petit véhicule électrique réservé aux déplacements urbains », prédit François Chéry, pionnier chez PSA en 1995 d'un système de véhicules en libre-service, baptisé Tulip, qui anticipait déjà largement les préoccupations actuelles dans ce domaine.économiser du pétroleDans le bâtiment comme dans le transport, l'objectif est surtout d'économiser des hydrocarbures, donc du pétrole. Mais, au-delà de l'or noir (voir ci-dessous), toutes les matières premières, des métaux ferreux ou non ferreux jusqu'au bois servant à fabriquer le papier ou à l'eau trop longtemps gaspillée, sont désormais considérées comme des ressources à préserver. Conséquence : le recyclage devrait en principe se développer à grande vitesse, même si, avec la crise, le prix des matières ainsi récupérées a pour le moment fortement chuté, rendant leur réutilisation moins rentable pour les industriels. « Le renforcement des obligations va dans le sens du recyclage », confirme Jean-Louis Chaussade, le directeur général de Suez Environnement. Une allusion notamment aux objectifs ambitieux fixés par les directives européennes pour 2020 : la moitié des déchets des ménages et 70 % de ceux de la construction, par exemple, devront alors être recyclés.Il reste toutefois, d'ici là, de gros progrès à faire. Même si l'Europe s'est indéniablement mise au tri de ses déchets. Pour ce qui est des emballages, un bilan récent de l'Apeal (Association des producteurs européens d'acier pour l'emballage) révèle ainsi que les Européens recyclent 70 % de leurs boîtes de conserve et cannettes en acier ? un matériau facile à trier grâce à ses propriétés magnétiques ? mais 29 % seulement de leurs emballages en plastique et 62 % de ceux en verre. La poubelle du Français moyen (391 kg par habitant en 2007, soit 5 kg de moins qu'en 2005) contient encore 100 kg de déchets potentiellement recyclables, regrette l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), et notamment 20 kg de verre, un matériau pourtant assez facile à trier.gaspillageCette même analyse de l'Ademe montre que chaque Français jette en moyenne 7 kg par an de produits alimentaires encore emballés, non consommés donc. En Grande-Bretagne, selon l'association Wrap (Waste & Resources Action Programme), ce sont plus de 8 millions de tonnes de nourriture qui se retrouvent chaque année dans les poubelles, une partie de ce gâchis venant des « aliments non identifiés » oubliés dans les congélateurs. Ces chiffres donnent une petite idée de l'énorme gaspillage alimentaire qui règne dans les pays développés où, selon diverses études, de 30 % à 40 % de l'alimentation disponible serait jetée chaque année. À cause de récoltes trop abondantes, de cours trop bas ou de mauvaise gestion des distributeurs. Et ce, alors que les risques de pénuries alimentaires n'auront sans doute pas disparu dans les dix ans qui viennent.
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