Après le « peak oil », la théorie du « peak demand »

la polémiqueDans les années 1950, les premiers théoriciens du « peak oil », ou pic de la production de pétrole, le voyaient en 2000. Depuis, la date a été repoussée. 2010 pour Dick Cheney lorsqu'il était à la tête d'Halliburton, 2020 pour Total, 2030 pour certains ténors de l'Agence internationale de l'énergie, voire 2060? La multiplication des dates tend à vider l'hypothèse de sa substance. Va-t-on vraiment arrêter de découvrir de nouvelles réserves d'or noir ? En 2009, ce sont plutôt de nouveaux gisements dans l'offshore profond brésilien qui ont fait parler d'eux. Ou encore la remise en production des puits irakiens, qui ont mobilisé les intérêts pétroliers du monde entier. Non pas que les contrats soient bien intéressants : le russe Lukoil, qui a remporté un gros appel d'offres irakien, ne recevra que 1,15 dollar par baril extrait. L'intérêt des compagnies pétrolières s'explique toutefois par les promesses de ce sous-sol : il pourrait abriter non pas 115 milliards de barils, comme les estimations des années 1970 le promettaient, mais plutôt 150 milliards.Par ailleurs, les théoriciens du peak oil ont coutume d'agréger pétrole et gaz dans le calcul des réserves disponibles. L'année 2009 est venue chambouler ce postulat établissant que les deux hydrocarbures sont comparables. Inondé par le gaz non conventionnel américain issu des « gas shales », le marché du gaz naturel s'est effondré alors que le pétrole grimpait. Une dichotomie fait prendre conscience de la moindre utilité du gaz naturel, qui n'est pas utilisé dans le transport.la course au « vert »En revanche, les deux hydrocarbures partagent bien un point commun : leur demande est compressible. D'ailleurs, l'année 2009 a vu la théorie du « peak demand » progresser. Elle s'appuie sur le ralentissement de la combustion de pétrole dans le premier pays consommateur, les États-Unis, et dans les autres pays de l'OCDE. Voitures plus petites, isolation des habitats et économies d'énergie semblent de fait pouvoir désaccoutumer l'OCDE de son addiction au pétrole. Certes, au même moment, l'évolution du niveau de vie en Chine et en Inde fait croître dramatiquement la demande énergétique. Mais la structure de cette demande pourrait évoluer. Dans sa course vers une croissance plus verte, la Chine mise déjà beaucoup sur l'éolien, le solaire et le nucléaire. L'adoption massive de voitures hybrides ou électriques pourrait, à elle seule, profondément modifier la demande de pétrole. Selon une étude réalisée par l'Electrification Coalition, un lobby américain, 14 millions de véhicules électriques pourraient évoluer sur le sol américain d'ici à 2020, ce qui ramènerait la consommation de pétrole du pays de 8,6 à 2 millions de barils par jour. Aline Robert
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