Les surdoués de Wall Street punis

À tout seigneur tout honneur ? Pas forcément, comme le montre l'évolution des valeurs composant l'indice américain S&P 500. Celles qui ont réalisé les plus beaux parcours en 2009 ne sont pas celles qui affichent les meilleures performances économiques. Alors que le S&P 500 dans son ensemble grimpe de 25 % depuis le début de l'année, 32 valeurs de l'indice accusent, elles, des baisses, ou ne peuvent se targuer de hausses supérieures à 10 %. Or, selon les données de l'agence Bloomberg, ces 32 sociétés devraient pourtant clore 2009 sur un chiffre d'affaires en progression, ou, tout au moins, sur une baisse de leur activité inférieure au recul de 5,9 % attendu en moyenne sur le S&P 500. Autre particularité de cette trentaine de valeurs au piètre bilan boursier : leur retour sur capital investi a été supérieur à leur coût de financement, en 2009. De 9,3 points, par exemple, dans le cas du fabricant de produits d'hygiène Johnson & Johnsonnson. La Bourse en fait peu de cas, l'action s'octroyant 8 % seulement depuis janvier. Enfin, parmi ces 32 valeurs à la traîne en Bourse, se trouvent des groupes qui ont relevé leurs objectifs financiers, malgré la crise économique. C'est le cas du fabricant de biens de grande consommation Procter & Gamble, qui a récemment rehaussé sa prévision de chiffre d'affaires pour 2009. Las ! Le titre perd 0,9 % depuis janvier.Pourquoi ces premiers de la classe sont-ils les derniers en Bourse ? Parce que, lors du spectaculaire rally boursier entamé le 9 mars, les investisseurs, convaincus d'une reprise économique rapide, se sont rués sur les actions, sans discernement. Même, et surtout, sur les titres de sociétés endettées ou dépourvues de visibilité sur leur activité. Pour la simple raison que ces valeurs, massacrées depuis la faillite de la banque Lehman Brothers, en septembre 2008, se trouvaient « à la casse » en mars, laissant espérer aux investisseurs de confortables plus-values. Une perspective que n'offraient pas les sociétés plus défensives et mieux gérées, le marché les ayant relativement épargnées. Conséquence, les 25 valeurs du S&P 500 qui ont réalisé les plus mauvaises performances économiques en 2009 affichent en moyenne une envolée boursière de? 95 % sur les douze derniers mois.Cette injustice devrait être réparée en 2010, prédit la société de gestion Raiffeisen Capital Management. Car les investisseurs s'intéressent de nouveau aux fondamentaux des sociétés, le redressement de l'économie s'annonçant très progressif. La préférence du marché ira donc aux valeurs capables de faire croître leur chiffre d'affaires, en dépit d'une demande encore faible. À quelque chose malheur est bon : les mal-aimées de 2009 constitueront autant d'opportunités en 2010. n
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