En Grande-Bretagne, Royal Mail va être privatisé

Jusqu'ici, dans les pays qui ont déjà ouvert leur marché du courrier, les acteurs historiques ont conservé leurs positions hégémoniques. C'est le cas de la Deutsche Post en Allemagne, même si des licences régionales ont été attribuées. Outre-Manche, rien n'a changé pour les Britanniques depuis l'ouverture complète du marché il y a cinq ans. Il est impossible pour un particulier de se passer de Royal Mail pour envoyer une lettre normale. Aucune entreprise n'a jugé rentable de proposer un service concurrent. Les boîtes aux lettres rouges, symboles de l'Angleterre, ne sont pas près de disparaître...En revanche, sur le marché des entreprises où la concurrence est possible depuis une décennie, Royal Mail ne domine plus : 60 % du courrier est désormais transporté par l'un de ses cinquante concurrents qui a reçu une licence postale. Pourtant, là aussi, ce chiffre est en trompe-l'oeil. L'opérateur historique reste incontournable, même pour les entreprises : c'est lui qui distribue 99 % du courrier jusqu'au destinataire final. La plupart des concurrents se contentent de fournir un service de tri, éventuellement de distribution partielle, mais se déchargent ensuite sur Royal Mail pour le « dernier kilomètre ».11.000 bureaux de posteCette concurrence n'est cependant qu'une première étape. La Poste britannique s'apprête à vivre un nouveau profond changement : elle va être privatisée. La législation est actuellement en discussion au Parlement, mais elle prévoit pour Royal Mail soit une introduction en Bourse, soit une vente à une entreprise privée. Ses employés devraient conserver 10 % du capital. Quant aux 11.000 bureaux de poste, qui sont techniquement une entreprise séparée de Royal Mail, ils devraient être transformés en coopérative détenue par ses employés.Ce nouveau changement en profondeur est la conséquence des difficultés de Royal Mail, qui a perdu l'an dernier 320 millions de livres (390 millions d'euros). Outre la concurrence, l'opérateur historique souffre d'une chute dramatique du volume de courrier (? 15 % en cinq ans), conséquence de l'explosion des e-mails. D'où ce besoin d'argent frais pour se moderniser. Or, en ces temps de rigueur budgétaire, le gouvernement estime que seul le secteur privé peut apporter les fonds nécessaires. Il n'est cependant pas question de toucher au « service universel » (qui garantit la distribution du courrier à un prix unique). Le prix du timbre va continuer à être régulé par l'État. Les syndicats craignent cependant que cela ne soit qu'une première étape vers une libéralisation encore plus importante, et ils menacent de faire grève en 2011. Éric Albert, à Londre
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