Les universités basculent dans l'autonomie

L'autonomie des universités passe à la vitesse supérieure. Vendredi 1er janvier, elles seront 33 nouvelles à passer aux responsabilités et compétences élargies (RCE) prévues par la loi LRU d'août 2007, ce qui portera à 51 le nombre d'universités « autonomes » sur 83. Soit une masse salariale de « près de 5,3 milliards d'euros et plus de 97.000 emplois », souligne le ministère de l'Enseignement supérieur. À ce rythme, l'objectif fixé par la ministre Valérie Pécresse de voir toutes les universités françaises accéder à l'autonomie d'ici à 2012 pourrait être atteint dès 2011. La plupart des 32 universités restantes devraient logiquement postuler pour 2011, sachant que les élues ne seront connues que mi-2010.Pour l'heure, les 33 nouvelles universités autonomes se sont préparées à cette échéance en 2009 avec parfois l'aide de conseils extérieurs. Elles ont bénéficié pour cela d'une dotation pérenne de 250.000 euros chacune. « Nous avons tout effectué en interne, mais allons utiliser la dotation 2010 pour établir un schéma directeur de ressources humaines avec l'aide d'un cabinet-conseil », explique Pascal Olivard, le président de l'université de Bretagne-Ouest dont le budget va passer de 60 à 170 millions d'euros (dont 105 millions de masse salariale), puisqu'il gérera désormais sa masse salariale. « Il y a eu un très gros travail de préparation pour mettre en place une réelle direction des affaires financières, un service intégré de gestion du personnel et consolider notre système d'information », dit Emmanuel Ethis, qui préside l'université d'Avignon. La plupart des universités ont fait appel à l'Agence de mutualisation des universités et établissements (Amue) pour la formation des personnels. Elles ont aussi mutualisé leurs efforts : Paris XII et XIII ont par exemple bénéficié de l'expérience de Marne-la-Vallée au sein d'un groupe de travail et les contrats d'objectifs et de moyens passés par l'université d'Auvergne avec ses composantes ont servi de modèle.CritiquesMais l'autonomie des universités suscite toujours nombre de critiques. Depuis le mouvement du premier semestre, des universitaires continuent à réclamer son retrait, dénonçant la toute-puissance des présidents, la privatisation et la mise en concurrence des universités, les plus modestes risquant d'être pénalisées. À la lumière des expériences des premières universités autonomes, cette autonomie est relative. Les nouvelles compétences consistent essentiellement en la maîtrise et la gestion des ressources humaines et d'un budget global que vient compléter un nouveau système de financement à la performance (pour 20 % des moyens contre 3 % auparavant). Or, cet été, les présidents des 18 universités autonomes avaient dénoncé le contrôle tatillon de l'administration, qui continue de gérer le traitement des paies jusqu'en 2013. En fait, « la vraie autonomie n'est pas à l'ordre du jour ; les RCE sont plutôt une déconcentration de gestion », estime Jean-Loup Salzmann, président de Paris XIII-Nord. Pascal Olivard parle, lui, de « liberté surveillée ». Pour le ministère, 2010 marque l'an II de l'autonomie. 2011 pourrait bien marquer l'an III avec l'achèvement du processus.
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