Les quadras entrent en scène

Elle était si sûre d'elle. Jusqu'à en devenir aveugle. Car Paris ne s'est même pas rendu compte que New York lui avait ravi son titre de capitale de l'art au lendemain de la dernière guerre. La scène française a fini par tomber en déshérence. Jusqu'aux années 2000 et l'arrivée d'une nouvelle génération de quadras.Les galeristes comme Kamel Mennour ou Valentin ont donné le top départ, permettant à de jeunes plasticiens tels Adel Abdessemed ou Xavier Veilhan d'émerger en France et à l'étranger. Aujourd'hui, les mécènes entrent en scène. Avec l'idée de trouver un lieu à même de fédérer tout ce petit monde.Parmi eux, Léonard Benichou-Weil, PDG d'Optimal Finances. « Les artistes français sont peu ou pas considérés à l'étranger. Il faut changer les choses. » Cette volonté ne date pas d'hier. « En 2004, un ami m'a fait découvrir les friches du palais de Tokyo, poursuit-il. Je suis tombé en arrêt devant cet espace digne d'une cathédrale de béton, figée il y a quarante ans. » Le ministère de la Culture ne sait pas vraiment quoi en faire. Il n'a pas non plus de moyens à y consacrer. Alors le jeune homme imagine un projet d'utilisation mixte mêlant expositions et usage commercial. Mais les pouvoirs publics enterrent l'idée. Qu'à cela ne tienne. Six ans plus tard, il soumet à nouveau son projet. Et on lui dit banco. Car la culture a commencé à s'ouvrir au privé.Léonard Benichou-Weil décide alors de créer un fonds de dotation - un outil juridique qui simplifie la création de fondations permettant de fédérer autour d'un projet culturel des forces économiques - pour soutenir la réhabilitation des futurs espaces du palais de Tokyo. Il réunit autour de lui d'autres mécènes de son âge, partageant une approche de l'art contemporain identique, et une volonté commune de promouvoir la scène française. Des quadras de leur époque, vivant leur passion au grand jour.Sophie Dulac, vice-présidente du directoire de Publicis et PDG des Écrans de Paris, maître Emmanuel Asmar et Ian Gallienne, PDG d'Ergon Capital, sont les premiers à embarquer pour l'aventure. Bientôt rejoints par Jacques Veyrat, PDG du groupe Louis-Dreyfus, Stéphane Richard, PDG de France Télécome;lécom-Orange, et le groupe GDF Suez. René Ricol, commissaire général à l'Investissement au grand emprunt, Christophe de Backer, directeur général de HSBC France, Thierry Taittinger, directeur de la publication de « Beaux Arts Magazine » viennent en soutien. Ils obtiennent un engagement financier valorisé à 1 million d'euros à ce stade dont la moitié vient d'Orange.Les travaux vont débuter en avril pour permettre l'ouverture en 2012 d'un lieu dédié aux artistes émergents et en milieu de carrière. Première exposition proposée, « La Triennale » du palais de Tokyo devrait faire figure de manifeste. Confiée au grand curator (commissaire d'exposition) Okwui Enwezor, elle dévoilera le meilleur de la scène française et francophone. « J'espère que ce lieu permettra l'émergence d'un cercle vertueux entre les artistes, le site et les entrepreneurs », s'enthousiasme Léonard Benichou-Weil. Ses amis et lui feront tout pour.
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