Un futur poids lourd des crédits carbone

La Chine a lancé en février, à Tianjin près de Pékin, son tout premier projet de « cap-and-trade » (sur le principe d'émissions plafonnées et d'échanges de permis). Citigroup et OAO Gazprom ont racheté pour 500.000 yuans (54.000 euros) à des unités de chauffage des crédits qui peuvent être revendus à des entités ayant dépassé leurs objectifs d'émissions. L'année prochaine, le plan devrait être étendu à d'autres catégories d'immeubles et si le calendrier est respecté, si les municipalités parviennent à imposer des réductions d'émissions, en juin 2011 la Bourse de Tianjin (déjà dotée d'une plate-forme carbone) pourra lancer ses premières transactions de crédits. L'expérience reste locale mais le message est clair. La Chine compte se positionner sur le marché des crédits carbone sans attendre la fin du protocole de Kyoto et les décisions concernant l'avenir des mécanismes de développement propre (MDP). « Des discussions sont en cours pour savoir comment développer un marché intérieur. Monétiser les réductions d'émissions est un bon moyen d'inciter les acteurs à faire des efforts », explique Raphaël Schoentgen, responsable des opérations Chine pour GDF Suez, très actif sur le marché des MDP. Actuellement, la Chine ne pèse que 3 à 4 milliards de dollars sur un marché total de 126 milliards. Mais c'est elle qui remporte la moitié du marché des MDP, ce mécanisme prévu par le protocole de Kyoto pour permettre aux pays développés d'acquérir des crédits en développant des projets réduisant les émissions dans les pays en développement. Elle a bien compris le potentiel que peut lui procurer la place de plus gros émetteur de CO2. Shanghai et Pékin ont eux aussi ouvert en 2008 des plates-formes de trading dédiées aux crédits, encore peu actives. Pékin a déjà lancé l'idée de crédits volontaires appelés « Panda » et envisage un système de « cap-and-trade » dans le domaine de l'agriculture.Arsenal législatif Certes, la Chine ne possède pas encore l'expertise de l'Europe dans le domaine et toutes les expériences ne seront pas couronnées de succès. Les experts émettent déjà des doutes sur la validité de crédits volontaires uniquement reconnus en Chine et les municipalités peinent à inciter les entreprises à participer à des projets de réduction volontaire. L'arsenal législatif fait encore largement défaut mais l'engagement fixé par la Chine à Copenhague de réduire son intensité énergétique de 45 % entre 2005 et 2020 pourrait servir de base à un projet national. « La Chine sera tout aussi inventive que les États-Unis et l'Europe. D'ici dix ans, leurs dispositifs bas carbone seront comparables », estime Jean Pasternak, qui occupe chez Schneider Electric le tout premier poste de « directeur de la stratégie carbone » de l'entreprise et s'est installé à Pékin pour capitaliser sur le potentiel chinois. V. M.
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