Le solaire allemand condamné à innover

Pour le secteur solaire allemand, l'émergence de la concurrence chinoise prend l'allure d'un cauchemar. Selon la banque LBBW, les fabricants de modules solaires de l'empire du Milieu peuvent proposer des prix près de 20 % inférieurs à ceux pratiqués par leurs homologues d'outre-Rhin grâce à des coûts de production 44 % moins élevés. Cette pression sur les prix intervient dans un contexte déjà très tendu, marqué par une crise de surproduction. Les taux de croissance à deux chiffres qu'affichaient les groupes allemands dans les années précédentes ne sont plus qu'un lointain souvenir. Le cas du fabricant de cellules photovoltaïques Q-Cells est symptomatique. En février, le groupe a annoncé un recul de 36 % de son chiffre d'affaires sur 2009 et affiché une perte nette de 1,4 milliard d'euros. On comprend la discrétion de la plupart des acteurs allemands du marché. Sous couvert de l'anonymat, l'un d'entre eux reconnaît que le rythme imprimé par les Chinois « est presque impossible à suivre ». « Notre seule alternative est de délocaliser en Asie pour rester compétitifs, ce qui va prendre du temps et coûter cher », ajoute-t-il. Selon la rumeur, Q-Cells produirait une partie de ses cellules en Malaisie, où les coûts sont 30 % plus bas. L'offensive chinoise devrait faire des victimes en Allemagne. « Dans ce contexte de concurrence exacerbée, plus d'une société pourrait faire faillite », explique un analyste de HSBC. Chez LBBW, on estime que la baisse des subventions publiques au secteur, envisagée actuellement par le gouvernement allemand, « accélérera le mouvement ».Un réveil douloureuxMais la pression chinoise représente aussi une chance car elle va contraindre les groupes allemands à être plus compétitifs et plus innovants. La croissance de ces dernières années et les prix subventionnés n'incitant guère à la recherche, elles s'étaient un peu assoupies sur leurs lauriers. Cette fois, reconnaît le responsable d'une entreprise du secteur, « nous n'avons pas le choix, il nous faut trouver des avantages technologiques que ne maîtrisent pas nos concurrents chinois ». Une piste réservée aux plus puissants. Autre alternative : la coopération. Le groupe Roth & Rau, par exemple, prévoit de construire une usine de modules dans le Brandebourg avec un partenaire chinois. En retour, le groupe participera à la construction d'usines semblables en Chine. Une façon originale de relever ce nouveau défi.
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