L'Amérique dépassée dès cette année

Aux États-Unis, un nombre croissant de chercheurs, d'investisseurs et d'industriels en sont convaincus : faute de loi établissant un marché fédéral de négociation de crédits d'émissions de CO2 et d'obligations pour les producteurs d'électricité de développer leur portefeuille d'énergies alternatives, la première économie mondiale est en train de se faire dépasser par la Chine, qui investit massivement dans le solaire, l'éolien et l'hydraulique. « La Chine, qui était auparavant un acteur mineur dans les énergies propres, se trouve désormais en tête de peloton pour dominer le secteur », avertit le centre de recherche américain Clean Edge.« La Chine fabrique plus de panneaux solaires photovoltaïques que n'importe quel autre pays au monde », note le centre. De plus, en 2009, l'empire du Milieu a étoffé de 13.000 mégawatts la capacité de production de son parc de fermes éoliennes, soit un bond de 100 % en un an. Sa capacité est ainsi passée à 26.010 mégawatts, plaçant le pays au deuxième rang mondial derrière les États-Unis, qui l'an dernier ont augmenté leur propre capacité de 39 % seulement. À ce rythme, ces derniers pourraient perdre leur leadership dans l'éolien dès 2010, prévient la communauté financière. « La Chine gagne et ma conclusion est que, actuellement, nous participons à peine à la course », a récemment déclaré John Doerr, associé de la société de capital-risque Kleiner Perkins.Le Center for American Progress vient pour sa part de sonner l'alarme. Ce « think tank » a publié un rapport au titre évocateur : « Comment l'Allemagne, l'Espagne et la Chine saisissent l'opportunité énergétique et pourquoi les États-Unis risquent d'être à la traîne ». Le document encense les politiques de financement et les projets d'infrastructures de ces pays et juge que les États-Unis devraient s'en inspirer. Pour des raisons économiques, il est « impératif que le pays devienne un leader dans les énergies propres », affirme le « think tank ».La solution radicaleL'organisation Apollo Alliance and Good Jobs First prévient que, sauf à mettre les bouchées doubles, 250.000 « green jobs » américains seront perdus d'ici à 2030, surtout au profit de la Chine. Bien que l'administration Obama ait accordé au secteur 2,3 milliards de dollars de crédits d'impôts puisés dans son plan de relance, les États-Unis restent contraints d'importer 70 % des composants industriels nécessaires à leur production d'énergies renouvelables. Proche des milieux syndicaux, l'Apollo Alliance suggère que ces subventions passent à 5 milliards de dollars, comme promis par Obama, mais que le gouvernement puisse les récupérer s'il est avéré que les sociétés bénéficiaires s'en servent pour créer des emplois à l'étranger. À défaut d'avancées majeures sur la politique climatique au Congrès, quatre sénateurs démocrates proposent une solution plus radicale : priver les entreprises étrangères des fonds du plan de relance dédiés aux énergies renouvelables.
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