Hollande-Merkel, retour sur une relation ambiguë

Arrondir les angles. C\'est la nouvelle stratégie adoptée par François Hollande dans sa relation avec Angela Merkel. Pour la visite de la chancelière à Paris, le locataire de l\'Élysée a mis les petits plats dans les grands : exposition \"De l\'Allemagne, 1800-1939\" au Louvre, entretien d\'une heure et... remise d\'un rapport en commun sur \"la compétitivité et la croissance\". La mise en scène est parfaite pour donner l\'illusion que  Paris et Berlin, marchent main dans la main afin de trouver une solution à la crise de la zone euro. Selon l\'Élysée, les \"éventuelles tensions, distances ou froid dans la relation franco-allemande\" ne sont qu\'un \"écho artificiel\" et le baromètre de la relation est \"stable\".Dissensions persistantesMais cette entente de façade ne masque pas les dissensions entre une Angela Merkel qui est toujours à la manœuvre en Europe, et qui reste concentrée sur les élections fédérales allemandes le 22 septembre prochain, et un François Hollande qui peine depuis un an à trouver sa place et sa ligne en Europe. L\'incapacité de Paris à tenir ses engagements budgétaires, son discours permanent en faveur d\'une « politique de croissance » et son soutien à peine voilé aux sociaux-démocrates ont irrité Berlin. Dès juin 2012, le président fraîchement élu a renoncé aux euro-obligations et accepté le pacte budgétaire moyennant un pacte de croissance dont il réclame aujourd\'hui encore la mise en œuvre effective. Sur la Grèce, sur Chypre ou sur la politique monétaire de la BCE, la voix de la France ne s\'est guère faite entendre.\"Tensions amicales\"Jusqu\'à ce que le président de la République ne finisse par lâcher le mot en mars : entre Paris et Berlin, il existe des \"tensions amicales\". De quoi apporter de l\'eau au moulin de l\'aile gauche du parti socialiste qui s\'est fendu, dans le sillage du président de l\'Assemblée nationale Claude Bartolone, d\'une critique acerbe de la politique d\'austérité menée par Angela Merkel, et mettre la pression sur le chef de l\'État qui doit sans cesse faire la balance entre préservation de bonnes relations franco-allemande et défense d\'un programme pour lequel il a été élu : la relance de la croissance et la fin de l\'austérité. Le problème de François Hollande est là, sa partenaire européenne est aussi son adversaire politique. \"La France veut réorienter l\'Union européenne face aux conservatismes et aux politiques de la droite européenne,\" expliquait Thierry Repentin, le ministre aux Affaire européennes dans un entretien au JDD. Or la droite européenne, c\'est Angela Merkel.Les esprits changent en EuropePour l\'heure, la principale réussite de François Hollande est surtout d\'avoir fait évoluer les discours en introduisant la nécessité d\'une politique de relance dans toutes les têtes. Même si la persistance de la récession  a sans doute fait plus pour modifier les états d\'esprit. Petit à petit, les choses avancent. L\'arrivée du social-démocrate Enrico Letta est tombée à point nommé pour le président de la République. Quant à Mariano Rajoy, le Premier ministre espagnol conservateur, il s\'est entendu avec le Président du Conseil italien pour former un groupe de travail sur le thème de la \"croissance et de l\'emploi\". Objectif : arriver au Conseil européen des 27 et 28 juin prochains pour proposer une alternative commune au règlement de la crise en Europe.Conversion de l\'Allemagne à la relance ?Même l\'Allemagne commence à mettre de l\'eau dans son vin, même si les élections prochaines empêchent Angela Merkel de se montrer trop \"laxiste\" vis-à-vis des fourmis européennes. Mais la question du besoin de financement à destination des PME ou encore celle du chômage des jeunes en Europe trouvent un certain écho outre-Rhin. Les initiatives allemandes se multiplient : un plan franco-allemand pour l\'emploi des jeunes, un programme de crédit financé par la banque publique allemande KfW pour les PME espagnoles, un feu vert à des délais supplémentaires pour l\'Espagne, la France, le Portugal... Bref, Berlin semble oublier ses fondamentaux d\'orthodoxie budgétaire pour verser dans une certaine forme de keynésianisme. En cela, il y a un vrai tournant. Le sommet de juin prochain montrera s\'il ne se cantonne qu\'au discours.
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