Des bagages suivis à la trace dans les aéroports

Les tags RFID, ces étiquettes intelligentes qui utilisent la radio-fréquence pour transmettre des informations, sont présents depuis déjà plusieurs années dans les aéroports du monde entier, notamment pour le suivi des conteneurs de fret. Pour les compagnies aériennes, l'enjeu est de taille puisque ces petits équipements permettent de mieux partager les informations entre transporteurs et d'améliorer l'interopérabilité des plates-formes techniques d'un aéroport à l'autre. De plus, le système est disponible 24 heures/24 et 7 jours/7 sans qu'il y ait besoin d'intervention humaine pour scanner des codes-barres par exemple, avec un taux de lecture supérieur à 99 %.Devant les bons résultats obtenus avec le fret, les aéroports de Hong-kong, Milan Malpensa et Las Vegas McCarran ont décidé de mettre en place des systèmes de suivi des bagages grâce à des tags RFID dès 2005. Placées sur les étiquettes classiques (avec le code-barres et le code IATA de l'aéroport de destination), ces étiquettes permettent d'optimiser la performance du tri des bagages, que ceux-ci soient déposés aux comptoirs des compagnies aériennes ou en transit, entre deux vols, et de limiter ainsi le nombre de bagages perdus. Car selon l'association internationale du transport aérien (IATA), ce sont tout de même 25 millions de passagers qui n'ont pas trouvé leur bagage enregistré en arrivant à destination en 2009... Or cette mauvaise gestion a un coût : 2,5 milliards de dollars pour le secteur du transport aérien en 2009 (compensations, transport, main-d'oeuvre, etc.), soit près de 100 dollars par bagage retardé ou perdu. Sans compter l'impact déplorable sur la relation client. projet pilotePlusieurs compagnies ont tenté l'expérience de la RFID, mais les résultats, bien qu'encourageants, n'ont eu qu'une portée locale, faute de norme internationale. Ainsi, dès 2005, Air France-KLM a testé plusieurs solutions sur les deux hubs passagers de la compagnie : à Roissy-Charles-de-Gaulle, pour les bagages en provenance d'Amsterdam, et à Schiphol pour ceux venant de Roissy. Depuis, avec l'amélioration des taux de lecture et la fiabilité des tags, de nouvelles expériences sont mises en place entre les deux plates-formes aéroportuaires dont un projet pilote, lancé au début de l'année.Créé par Aéroports de Parise Paris, Schiphol Group et Air France-KLM, ce projet, baptisé Hublink, a retenu les infrastructures de Hub Télécom (filiale d'Aéroports de Parise Paris) pour équiper les deux aéroports. Depuis, l'intégralité des bagages embarqués sur l'un des quatorze vols quotidiens est étiquetée avec des puces RFID qui contiennent l'information relative aux bagages et à son propriétaire. Ces étiquettes sont lues par voie radio lors de leur passage dans des tunnels RFID déployés sur les convoyeurs à bagages de Roissy Charles-de-Gaulle et de Schiphol. Hub Télécom est également au coeur de l'application technique puisque l'opérateur centralise et traite sur sa plate-forme Hub'ID les informations de traçabilité collectées sur les deux aéroports, avant de les restituer en temps réel vers les applications métiers d'Aéroports de Parise Paris et d'Air France-KLM.Les zones de tri du terminal 2, qui correspondent aux vols Paris-Amsterdam, sont donc équipées de six tunnels de lecture RFID. L'aéroport de Schiphol s'est aussi équipé d'une infrastructure similaire, mais avec une autre entreprise que Hub Télécom, afin de pouvoir comparer la fiabilité des taux de lecture. Disposée à la fois au départ, à l'enregistrement des bagages, et sur les correspondances, cette infrastructure permet d'avoir un taux de lecture de 99,8 %, très proche de l'objectif affiché de 100 % de fiabilité. De plus, la totalité des bagages empruntant la liaison aérienne entre les deux hubs (soit environ 30.000 bagages par mois) est équipée de puces RFID intégrées dans les étiquettes code-barres classiques. En parallèle, la plate-forme Hub'ID est également utilisée pour le suivi des conteneurs à bagages (ULD) d'Air France-KLM : 22 portiques équipent les entrées et les sorties des tris bagages pour permettre de localiser les ULD (dont 8.000 sont équipés de tags RFID) avant leur chargement à bord des avions.Un des avantages de cette solution tient bien sûr dans l'amélioration des performances du tri et la fiabilité du taux de lecture des étiquettes, bien supérieure à celle du code-barres. Avec cette dernière technique, il est souvent nécessaire d'inspecter manuellement des bagages, ce qui peut être source d'erreurs et de perte de temps, surtout lorsque les correspondances entre deux vols sont inférieures à 45 minutes. À la clé, plus de satisfaction client et moins de coûts pour les compagnies.Béatrice Delamotte
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