L'Afrique de l'Ouest prisonnière du CFA

Laurent Wauquiez présidera ce lundi, en marge du sommet Afrique-France, un atelier intitulé « Construire et renforcer la compétitivité des entreprises africaines ». Le secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi abordera les questions de formation professionnelle. Mais un autre sujet agite les participants : la surévaluation du franc CFA, qui asphyxie année après année, la compétitivité des économies membres de la zone monétaire. Le président sénégalais, Abdoulaye Wade, a récemment jeté un pavé dans la mare en réclamant « une révision de la gestion monétaire » du franc CFA. « Nous sommes un certain nombre d'Africains » à réfléchir « à la possibilité de revenir à un projet régional avec sa propre monnaie », a lancé le président lors des célébrations du cinquantenaire de l'indépendance. Les pays membres de la communauté de l'Afrique de l'Est (Kenya, Tanzanie, Ouganda, Burundi, Rwanda), dont les monnaies flottent librement, croissent près de deux fois plus vite (5,4 % l'an en moyenne sur la décennie) que ceux de l'Union économique et monétaire d'Afrique de l'Ouest (Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo). « Le niveau élevé du franc CFA est un obstacle majeur à l'industrialisation de l'Afrique de l'Ouest », estime Serge Michaïlof, ancien directeur exécutif à la Banque Mondiale. Or, « le franc CFA est in fine géré à Francfort en fonction de critères qui n'ont aucun rapport avec les préoccupations des économies africaines ». DévaluationFaut-il dévaluer le CFA comme en 1994 ? Pour l'ancien patron de l'AFD, Jean-Michel Severino, « l'Afrique de l'Ouest aurait intérêt à évoluer vers un régime de change permettant de prendre en compte l'évolution de l'euro, mais aussi du dollar et du yuan ». Le sujet n'est plus tabou à Paris. Nicolas Sarkozy le confirme dans une interview à l'hebdomadaire « Les Afriques ». Mais, pour lui, « c'est aux quinze Etats africains membres de la zone franc, et à eux seuls, qu'il revient de décider comment ils veulent gérer leur monnaie commune. Ce n'est pas à la France de déterminer si le système actuel est conforme à leurs attentes. » Xavier Harel
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