Crise de la zone euro : que peut faire la BCE...et surtout quand ?

Il faudra sans doute attendre la traditionnelle conférence de presse qui suit la réunion du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, jeudi prochain, pour en savoir plus sur les intentions de Mario Draghi. Ce dernier a soulevé d’énormes attentes en déclarant que la BCE était prête à tout pour préserver l’euro. En témoigne la détente spectaculaire sur les rendements espagnols : en deux séances, le rendement de la dette espagnole à 10 ans a décru de plus de 30 points de base (à 6,61 % ce lundi en fin de journée).La solution : combiner une intervention du FESF sur le marché primaire et une réactivation du SMP sur le marché secondaire ?Parmi les multiples solutions envisagées pour calmer les tensions sur la dette des pays dits \"périphériques\", l’une revient de façon récurrente. A en croire les économistes et les stratèges de marché, combiner une intervention du FESF (fonds européen de stabilité financière, auquel doit succéder en septembre le mécanisme européen de stabilité) à un rachat d’obligations souveraines par la BCE sur le marché secondaire (via le SMP ou programme d’achat de titres de la BCE) permettrait d’apaiser durablement les tensins sur les taux espagnols et italiens. Cette solution serait également sans doute l’une des options les moins compliquées à mettre en œuvre. Les propos du président de l\'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, dans le Figaro semblent plaider pour une solution de ce type.L\'Allemagne met en garde contre l\'aléa moral et toute forme de monétisation de la detteL’opposition allemande à tout ce qui ressemble de près ou de loin à une monétisation de la dette européenne reste en effet très vive. Des options comme l’octroi d’une licence bancaire au FESF (ou au MES) ou la réactivation du programme SMP sont inimaginables pour le président de la Bundesbank, Jens Weidmann. La crainte d’une partie des pays du Nord de l’Europe est en effet que de telles solutions diminuent l’incitation pour l’Espagne (et après elle l’Italie) à mettre en œuvre les mesures nécessaires pour restaurer sa compétitivité et alléger sa dette.Le FESF à l\'oeuvre lors des adjudications ou comment supprimer les spéculations autour de l\'insolvabilité d\'un état « Une intervention du FESF sur le marché primaire [le marché sur lequel les Etats émettent de la nouvelle dette, ndlr] découragerait la spéculation liée au risque d’insolvabilité d’un pays et compte tenu des montants en jeu, la taille du fonds de secours serait largement suffisante », explique René Defossez, stratège taux chez Natixis. Le FESF peut acheter de la dette publique mais ne l\'a encore jamais fait car cela suppose la signature d\'un mémorandum et la mise en place de nouvelles réformes, ce que Madrid ou Rome se sont refusés à faire jusqu\'ici. Cette intervention du FESF (puis du MES) donnerait ainsi des gages sur la bonne volonté des pays concernés.Une utilisation massive du SMP pour \"capper\" les taux d\'intérêtLe programme de rachats d’actifs (SMP) de la BCE, à l’arrêt depuis quatre mois, avait été lancé en mai 2010 à l\'époque de la première crise de la dette grecque, puis étendu à l\'été dernier pour freiner l\'envolée des taux d\'emprunt de l\'Espagne et de l\'Italie. « Si la BCE veut optimiser ses interventions, elle doit préciser qu’elle est prête à intervenir de façon illimitée et donner un objectif pour les taux d’intérêts visés. Ainsi, elle n’aura vraisemblablement pas à intervenir pour de gros montants car les opérateurs de marché n’auront aucun intérêt à jouer contre elle », estime René Defossez.La question du timingReste à savoir dans quels délais une intervention combinée de la BCE et du FESF serait possible. Faut-il s’attendre à une action dès cette semaine ou faudra-t-il attendre septembre ? « La question clef est de savoir si la BCE attendra que le FESF puisse effectivement intervenir pour qu\'elle achète des titres souverains dans le cadre de son programme SMP », expliquent Christian Parisot et Jean-Louis Mourier chez Aurel bgc. Cela peut prendre plusieurs semaines. Pour que le FESF intervienne, il faut que l\'Espagne en fasse la demande (elle n\'en est pas là), que la BCE rédige un rapport. Ensuite, certains pays comme l\'Allemagne et la Finlande devront demander l\'autorisation à leur parlement… « Mais, techniquement parlant, la BCE peut réactiver son programme SMP à tout moment », précisent les économistes.
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