Le ton monte entre Sanofi et sa cible américaine Genzyme

Retour à l'envoyeur. Moins de vingt-quatre heures après l'envoi officiel par Sanofi-Aventis d'une « proposition d'offre » en vue d'acquérir Genzyme, le conseil d'administration de la biotech américaine a rejeté ce lundi à l'unanimité « l'offre non sollicitée » du labo français. Par la voix de son directeur général Chris Viehbacher, ce dernier réitérait sa proposition de rachat, cette fois directement aux actionnaires de Genzyme, au prix de 69 dollars par action soit 18,5 milliards de dollars (14 milliards d'euros). « Le conseil de Genzyme n'est pas prêt à s'engager dans des négociations de fusion sur la base d'une proposition irréaliste [...] qui sous-évalue considérablement notre société » a asséné le PDG et fondateur de la biotech spécialisée dans les maladies rares, Henri Termeer. Par voie de presse, le conseil - ou l'actionnaire activiste Carl Icahn détient 4 sièges - réclame depuis des semaines au moins 75 dollars par titre.Est-ce le prélude à une radicalisation de la situation ? Dans la lettre adressée dimanche à Genzyme, Chris Viehbacher se disait « prêt à envisager toutes les alternatives ». « C'est un dernier avertissement avant le lancement d'une OPA hostile » estime Vincent Genet, directeur de l'activité santé au sein du cabinet de conseil Alcimed. Sur le papier, rien ne l'interdit : le management de Genzyme détient moins de 1 % du capital. Mais « depuis son arrivée, Chris Viehbacher ne s'est pas montré enclin aux rachats hostiles. Et Sanofi, peu familier des métiers de Genzyme, n'a pas intérêt à se couper du management au moment où la société connaît des problèmes de qualité [virus ayant infecté les usines et contraint à des arrêts de production, ndlr] » estime Jean-François Lopez, consultant au cabinet Nextep. Quant aux dirigeants de Genzyme, s'ils croient en la possibilité d'un relèvement de l'offre, ils ont tout intérêt à temporiser.Une Offre à 70 dollars possibleQuelle est la marge de manoeuvre financière dont dispose le prédateur ? Le mois dernier, le conseil de Sanofi avait autorisé une offre à 70 dollars, pas davantage. Un niveau que le cours de la cible n'a quasiment pas dépassé depuis. « Si Chris Viehbacher a fait une offre officielle, c'est qu'il a les moyens de remettre au pot », assure un analyste. Le labo tricolore, qui disposait d'une trésorerie de 3,2 milliards d'euros à fin juin, a indiqué ce lundi qu'il n'envisageait pas d'augmentation de capital pour financer l'opération.Dès lors, la partie de poker menteur pourrait s'éterniser. D'autant que Sanofi et Genzyme ne sont problablement pas seuls dans l'affaire. « Il serait étonnant que les américains ne cherchent pas à conserver Genzyme », note un expert, qui rappelle que « dans le secteur, les fusions transatlantiques sont rares ». A l'exception du rachat en 2009 par Roche de Genentech, en partie détenu de longue date par le laboratoire bâlois. « Merck ou BMS pourraient être intéressés », précise-t-il. « Si Sanofi a le moindre doute sur l'existence d'un chevalier blanc, il aura intérêt à faire traîner les choses afin de maintenir son offre de prix en l'état », confirme Patrick Biecheler chez Roland Berger.Le champion français joue gros. « Genzyme est une proie idéale : c'est une société rentable, qui dispose d'un important réservoir de médicaments en développement », rappelle Jean-François Lopez. Exactement ce dont Sanofi a besoin pour pallier les pertes massives de brevets auquel il fait face... et achever de crédibiliser la stratégie de son directeur général, Chris Viehbacher.
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