La Chine s'impose à vive allure dans le train à grande vitesse

Deux ans après avoir inauguré sa première ligne de train à grande vitesse, la Chine élabore d'ambitieux projets dans l'ex-empire du Milieu, mais aussi à l'étranger. La semaine dernière, lors de la visite en Chine du président sud-africain Jacob Zuma, la société China Railway a conclu un accord avec la Standard Bank, un établissement local dont la banque chinoise ICBC a acquis 20 % du capital en 2008. Leur but : « financer des solutions pour le ferroviaire africain ».Pour les concurrents de China Railway, le groupe a ainsi pris une longueur d'avance afin de remporter l'appel d'offres de 30 milliards de dollars pour la construction d'une ligne et de trains à grande vitesse visant à relier Johannesburg à Durban. Bien que China Railway souhaite que Pretoria et des investisseurs locaux financent 40 % de ce projet, Pretoria espère que les banques chinoises l'aideront à le payer dans des conditions avantageuses.En juillet, c'est en Argentine que les Chinois ont marqué un point. Et là encore, leurs banques ont joué un rôle majeur. La China Citic Bank et la China Development Bank ont alors accepté de prêter 273 millions de dollars - pour commencer - au ministère de l'Économie argentin afin de l'aider à acquérir des trains à grande vitesse auprès du fabriquant China CNR. Citic a précisé que China CNR ambitionnait d'exporter 20 trains à grande vitesse en Argentine et d'exploiter, ensuite, la ligne à l'étude. Quatre mois plus tôt, c'est au Brésil que des discussions ont été entamées entre le président Hu Jintao et son homologue Lula da Silva, pour un projet de ligne devant relier Rio de Janeiro, São Paulo et Campinas et dont le coût est évalué à 19,6 milliards de dollars. Après avoir remporté des contrats en Arabie Saoudite et au Venezuela, les Chinois sont désormais prêts à répondre à des appels d'offre en Russie, aux États-Unis, en Birmanie et au Laos, seuls ou en joint-venture.Concurrents directs d'AlstomS'il ne se positionne pas sur des contrats en Afrique subsaharienne, le groupe Alstom Transport se trouve en concurrence directe avec les Chinois sur d'autres marchés, dont le Brésil. L'an dernier, l'industriel français s'est fait signifier par le gouvernement argentin que pour des raisons budgétaires, son projet de train à grande vitesse, le Tave, pourtant très abouti, était gelé. Mais depuis que certains de ses clients ont fait faillite lorsqu'il était présent dans la construction navale, le groupe Alstom se refuse à monter des opérations dites de « financement par le vendeur ». Autre concession à laquelle il se refuse, Alstom Transport ne veut pas sceller de joint-ventures avec les Chinois dans le train à grande vitesse. « Les Chinois attendent des transferts de technologies et, par le passé, nous en avons réalisé dans certaines activités, que ce soit dans l'énergie ou les transports, à la satisfaction des deux parties, et nous en ferons d'autres », indique-t-on au siège d'Alstom. Mais le groupe précise qu'il n'entend nouer que des « accords qui préservent (sa) propriété intellectuelle sur des composants stratégiques ». C'est aussi la position du fabriquant japonais JR Central qui a accusé, à mots couverts, les industriels chinois de piller le savoir-faire de leurs partenaires, ce que conteste Pékin.L'allemand Siemens et l'américain General Electric ont en revanche choisi de s'associer à des chinois. GE espère ainsi remporter les appels d'offres sur les lignes en préparation aux États-Unis, pour lesquelles Alstom est candidat. Siemens vise pour sa part l'appétissant marché chinois. Les Français se targuent d'avoir trente ans d'expérience avec leur TGV mais Pékin veut rattraper son retard à vive allure : le gouvernement chinois entend dépenser 295 milliards de dollars d'ici à 2020 afin de bâtir un réseau à grande vitesse de 16.000 kilomètres. Le plus vaste programme ferroviaire de l'histoire de l'humanité, estime la Banque mondiale.
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