Le colonel Kadhafi investit ses pétro-dollars en Italie

Les visites du colonel Muammar Kadhafi à Rome sont toujours l'occasion de quelques coups d'éclats et provocations. Pendant ses deux jours en Italie, pour célébrer le deuxième anniversaire de l'accord historique signé avec Silvio Berlusconi par lequel l'Italie a officiellement demandé pardon pour son passé colonial (1911-1942) en Libye, le dirigeant libyen a pêle-mêle indiqué que «l'Islam devrait devenir la religion de l'Europe toute entière » ou exhorté des jeunes femmes à s'y convertir.Ces bons mots masquent le fort développement des échanges économiques entre l'ancienne puissance coloniale et le pays dirigé d'une main de fer depuis plus de quarante ans par Kadhafi. Le « Traité d'amitié » d'août 2008 a en effet donné une nouvelle impulsion : la péninsule est à la fois le premier client et le premier fournisseur de Tripoli. Les 5 milliards de dollars débloqués par l'Italie sous forme de réparations durant vingt ans seront notamment utilisés pour construire une autoroute côtière de 1.700 kilomètres de long. « Nous avons décidé de diviser le chantier en trois parties, en faisant trois consortiums et en permettant ainsi à de nombreuses sociétés italiennes de travailler », a expliqué le ministre pour les Infrastructures, Altero Matteoli. L'ENI, le géant des hydrocarbures contrôlé par l'État italien, finance ces réparations à travers une taxe spéciale, mais bénéficie en retour des très bonnes relations bilatérales. « La Libye est la pupille de nos yeux, c'est un pays où nous investirons 25 milliards de dollars en dix ans », a déclaré Paolo Scaroni, le patron du géant pétrolier.1er actionnaire d'UnicreditMais les Libyens multiplient aussi les prises de participations dans la péninsule. Déjà, dans les années 1970, ils étaient entrés au capital de Fiat. Aujourd'hui le fonds souverain libyen investit ses pétro-dollars plutôt dans la finance italienne : le pouvoir libyen est depuis un mois le premier actionnaire d'Unicredit, contrôlant 7 % de la première banque de la péninsule par capitalisation.« Cela ressemble à une tentative d'OPA », s'est alarmé la Ligue du Nord, le parti xénophobe membre de la coalition gouvernementale de Berlusconi. « Il n'y aura pas de prise de contrôle d'Unicredit » rassure l'homme d'affaires franco-tunisien Tarak Ben Ammar, proche du Cavaliere et du leader libyen. « Les Libyens sont d'excellents actionnaires », lui a fait écho Cesare Geronzi, le nouveau président de l'assureur Generali.D'autres gros contrats ont été signés dernièrement et avec plus de discrétion, en faveur de firmes italiennes comme dans le BTP avec Impregilo ou la défense avec Finmeccanica. Ils seront parmi les 800 invités du show du colonel à Rome.
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