L'Irak reste totalement assujettie au pétrole

Le vice-président américain, Joe Biden, est arrivé lundi à Bagdad pour accompagner le départ des derniers soldats américains après sept ans et demi d'occupation. 50.000 d'entre eux y demeureront toutefois pour, officiellement, assurer la formation des forces de sécurité irakiennes. Mais Barack Obama, en faisant le bilan ce mardi, pourra difficilement verser dans le triomphalisme. « Rien ne fonctionne en Irak », résume Loulouwa Al Rachid, ancienne consultante de l'International Crisis Group (ICG). Les Irakiens ont élu leurs députés au printemps mais faute de majorité, le pays n'a toujours pas de gouvernement. Et, malgré les dizaines de milliards de dollars déversés dans la reconstruction, les infrastructures et les services de base sont dans un triste état. Un rapport américain des services de l'Inspecteur général spécial pour la reconstruction en Irak (SIGIR) dresse un bilan accablant. Des centaines de commissariats, d'infrastructures de sécurité, des ports pétroliers comme à Oum Qasr (sud) ont certes été remis en état. Mais dans de nombreux cas, des projets mal conçus voire irréalistes ont abouti à faire partir des milliards de dollars en fumée.L'exemple le plus flagrant de cette gabegie est une prison construite dans le désert à Khan Bani Sadr, au nord de Bagdad. L'établissement conçu pour 3.600 détenus est désespérément vide. Les seuls signes de vie sont un poste de garde à l'entrée. Le pays a beau être assis sur les deuxièmes réserves de pétrole au monde, l'aéroport de Bagdad est d'un autre temps. Huit ans de guerre avec l'Iran, treize ans d'embargo et sept ans d'occupation ont sapé les bases de l'économie irakienne plus dépendante que jamais de son pétrole (2,5 millions de barils par jour). « Le pétrole représente 98 % des exportations et des recettes budgétaires irakiennes », résume Thierry Coville, chercheur à l'institut des relations internationales et stratégiques (Iris). investissements inexistantsTous les observateurs s'accordent pour dire que la corruption atteint des proportions alarmantes. « Les ministères sont des fiefs partisans qui cherchent à accumuler un maximum de richesse pour la redistribuer à leur base politique », explique Peter Harling, chercheur à l'International Crisis Group (ICG). Les grands groupes internationaux reviennent pour de simples opérations ponctuelles. Mais ils n'investissent pas en Irak. « Autre signe qui ne trompe pas, les Irakiens se gardent bien d'investir dans leur pays les sommes colossales qu'ils détiennent à l'étranger », souligne Loulouwa Al Rachid. Le tissu productif est quasiment inexistant. Xavier Harel
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