Berlin prône la fin de la modération salariale

Pour une chancelière allemande chrétienne-démocrate, l'annonce est inédite mais marque bien le tournant de l'économie outre-Rhin : « la meilleure situation des entreprises doit naturellement se refléter chez les salariés », a elle-même plaidé Angela Merkel dimanche soir. Elle soutient ainsi ouvertement les grandes centrales syndicales du pays qui ont annoncé la fin de la modération salariale, qu'ils avaient adoptée depuis environ dix ans.Les premières négociations salariales de l'après-récession dans la métallurgie allemande doivent commencer la semaine prochaine dans le nord-ouest de l'Allemagne. Elles serviront de référence aux accords salariaux qui interviendront ensuite, non seulement dans ce secteur mais aussi dans le reste de l'économie allemande. IG Metall réclame 6 %Le syndicat de la métallurgie IG Metall, fort de ses 2,2 millions d'adhérents, réclame 6 % de hausse de revenus. « Les salariés doivent obtenir quelque chose de la reprise économique », a justifié Berthold Huber, chef d'IG Metall, soulignant que « des salaires plus élevés sont justes, raisonnables et bons pour les gens et la conjoncture ».Depuis dix ans, les salaires réels n'ont quasiment pas progressé outre-Rhin, suscitant la critique de certains partenaires de l'Allemagne, comme la France, Paris ayant même évoqué une situation de dumping salarial. Avec la récession qui a fait dévisser l'an dernier le produit intérieur brut (PIB) allemand de 4,7 %, cette modération salariale a été accentuée. « Les précédents accords salariaux modérés reflètent la priorité accordée à la sécurité de l'emploi par les syndicats sur les gains salariaux pour la main d'oeuvre durant la crise » explique Alexander Koch, économiste chez Unicredit à Munich. Le président de la Confédération allemande des syndicats (DGB) regroupant 6,2 millions de salariés, Michael Sommer, insiste sur ce point en rappelant qu'à travers le chômage technique largement subventionné par l'État et la flexibilité horaire (les salariés travaillant moins d'heures quand les commandes sont rares) les salariés avaient fait preuve de modération. Mais « pendant la reprise nous ne nous modérons plus », avertit-il.Relais de croissanceCe n'est pas tant le salaire horaire qui devrait augmenter que les primes, (par exemple le treizième mois), souvent supprimées durant la crise. Par ailleurs, les syndicats veulent mettre la réduction de l'intérim au centre des négociations. IG Metall avait réclamé jusqu'à 8 % de hausse avant la crise, obtenant environ la moitié : ce devrait être le cas cette fois-ci, soit autour de 3 % de hausse. La chancelière ne devrait pas s'en plaindre : une hausse des revenus des salariés devrait soutenir la consommation des ménages en Allemagne, nécessaire relais de la croissance poussée par l'export mais souvent parent pauvre de l'économie allemande.
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