LBO  : quand les fonds subissent la loi des banquiers

capital-investissementFerretti, Monier, Navimo, et plus récemment CPI : ployant sous leur dette, ces sociétés, détenues par des fonds de LBO (rachat avec un recours à l'emprunt), ont en commun d'avoir été l'objet de longs mois de négociations entre leurs actionnaires et les banquiers. Au bout du compte : des perdants et des gagnants. En début de semaine, les banques sont ressorties victorieuses de la restructuration de l'imprimeur français CPI. Un consortium, composé de CIBC, Fortis, HVC et Royal Bank of Scotland, accompagné des fonds de dette («CLOs ») Babson, Harbourmaster et Highland, ont pris 100 % du capital de la société. Une première en France. En échange, la dette a été réduite de 420 à 123 millions d'euros. Pour les deux actionnaires, les fonds d'investissement CVC et Cognetas, c'est la douche froide : leur investissement respectif de 75 millions s'est évanoui. Candover et Permira avaient connu pareille mésaventure pour le fabricant de yachts de luxe italien Ferretti dont les banques créancières et son patron, Norberto Ferretti, s'étaient emparés. Dans le cas de l'équipementier nautique Navimo, les prêteurs ont été plus malheureux : la dette pesant sur la société a été réduite de 101 millions à 9 millions d'euros, mais seule BNP Paribas, parmi la dizaine de banquiers et de « mezzaneurs », fera son entrée au capital (environ 21 %). Le fonds d'investissement propriétaire, Duke Street, sera relégué au rang de minoritaire.recours massif à la detteQuelle que soit l'issue des négociations, il ne fait donc plus l'ombre d'un doute que le recours massif à la dette entre 2005 et 2008 par les fonds d'investissement (jusqu'à 90 % du montant de l'opération) se paie aujourd'hui au prix fort. Mais le jeu en valait-il la chandelle ? D'après une étude du CEFS (Center for Entrepreneurial and Financial Studies) de Munich, l'impact de l'effet de levier se révèle modéré : « Deux tiers de la création de valeur dans les opérations de capital-investissement entre 1989 et 2006 [?] ont été générés par des performances opérationnelles et de marchés, contre seulement un tiers qui peut être attribué au recours à la dette. » Certes, l'étude occulte l'année 2007, où le recours à l'effet de levier fut le plus fort, mais elle démontre aussi que ce rapport de « deux tiers-un tiers » se retrouve également entre 2001 et 2006, années d'explosion de l'industrie du LBO.Outre-Atlantique, ce cons-tat ne semble pas avoir échaudé les fonds. D'après Bloomberg, ils ont emprunté 2,26 milliards de dollars (1,52 milliard d'euros) aux banques au cours du seul mois d'octobre. Plus de huit fois le montant engagé au premier trimestre?Alexandre Maddenspour les actionnaires de CPI , c'est la douche froide : leur investissement de 75 millions d'euros s'est évanoui.
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