Qui est le russe Severstal, cette «étoile du Nord» qu'on dit intéressée par Florange ?

Encore en septembre, Severstal faisait vœux de modestie. L\'actionnaire majoritaire Alexeï Mordachov, faisait savoir qu\'il n\'envisageait pas d\'augmenter significativement sa capacité de production d\'acier. Bouillant d\'ambitions globales jusqu\'à la crise de 2008, le milliardaire (18,5 milliards de dollars, selon Forbes) de 47 ans avait ces deux dernières années fait mine d\'abandonner l\'ancienne stratégie consistant à acheter autour du globe et rubis sur l\'ongle des aciéries en perte de vitesse, pour les intégrer à son empire Severstal («Etoile du Nord», en russe). Le groupe, qui a réalisé en 2011 un chiffre d\'affaires de 15,8 milliards de dollars pour 2 milliards de dollars de bénéfice net, n\'ambitionne plus de faire partie des cinq leaders mondiaux. «Nous avons un grand potentiel de croissance, mais il ne sera pas réalisé sur la base d\'acquisitions agressives d\'actifs contre des liquidités», avait indiqué Mordachov en septembre. La modestie du groupe est telle qu\'il n\'est même plus question de revenir au pic de la production (19,2 millions de tonnes) atteint en 2008. L\'année dernière, Severstal a produit 15,3 millions de tonnes et espère atteindre les 17 millions de tonnes en 2014, grâce notamment à la modernisation de l\'aciérie russe de Balakovo et à la construction d\'une nouvelle aciérie d\'une capacité d\'un million de tonnes à Saratov.«Une sorte d\'interdit imposé par le Kremlin»«Depuis la grande vague des acquisitions internationales de 2007-2008, il existe une sorte d\'interdit imposé par le Kremlin», explique un banquier russe. «La crise de 2008 a frappé de plein fouet les aciéristes milliardaires russes comme Mordachov et Abramovitch». Après avoir poussé les «champions nationaux» russes dans leurs ambitions globales, Kremlin a été très échaudé par le retour de bâton de la crise par les milliers de licenciements qui en ont résulté. Depuis, le Kremlin «a fait capoter un certain nombre d\'acquisitions en faisant pression sur les oligarques», poursuit le banquier. Ayant pris conscience de la forte exposition de l\'économie russe à la conjoncture internationale, l\'Etat russe veut avant tout voir les aciéristes investir sur le territoire national.Severstal, candidat malheureux au rachat d\'Arcelor face à MittalSeverstal est aujourd\'hui le 23e aciériste mondial et emploie 69.000 personnes. Il s\'agit d\'un empire verticalement intégré disposant de mines de fer et de charbon et dont la stratégie est de produire de l\'acier de haute qualité, en particulier pour l\'industrie automobile. Ses principaux actifs se trouvent naturellement en Russie, mais aussi aux Etats-Unis, en Pologne, en Italie et au Brésil. Après avoir été battu par Mittal dans sa tentative de rachat d\'Arcelor (ce qui avait fort chagriné Vladimir Poutine à l\'époque), Alexeï Mordachov a placé une partie du capital de Severstal sur les bourses de Londres et de Moscou.Crédit Suisse vient de conseiller à ses clients de vendre leurs titres Severstal, dans une note expliquant que le groupe «connaît les mêmes problèmes que [son compatriote] Evraz. Les compagnies verticalement intégrés sont plus particulièrement sensibles à la dynamique globale des prix des matières premières. Les marges de ces groupes vont significativement diminuer au cours des deux prochaines années», prédit la banque.
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