Aide au développement  : promesses non tenues

udget de l'étatLa France ne tiendra pas ses promesses en matière d'aide publique au développement (APD). C'est ce que révèle, noir sur blanc, le projet de loi de finances 2010 actuellement discuté à l'Assemblée nationale. Dans une annexe consacrée à l'APD, le gouvernement a inscrit un objectif d'APD compris entre 0,44 % (8,6 milliards d'euros) et 0,48 % (9,3 milliards) du PIB en 2010. L'évolution de l'aide française dépendra de l'ampleur des annulations de dettes accordées l'an prochain, notamment au Congo-Brazzaville.Même en retenant le scénario le plus optimiste (0,48 % du PIB), la France n'atteindra donc pas l'objectif intermédiaire de 0,51 % en 2010. En 2005, l'ensemble des pays membres de l'Union européenne s'était fixé l'objectif de porter leur APD à 0,7 % du PIB en 2015 avec un objectif intermédiaire de 0,51 %.Paris plaidera sans doute que les caisses sont vides. L'Irlande et l'Italie, par exemple, ont réduit d'un quart les budgets consacrés à l'aide au développement. D'autres grandes nations européennes tiendront pourtant leurs engagements. Le Royaume-Uni, par exemple, continue d'afficher un objectif de 0,6 % du PIB pour l'an prochain. Le Premier ministre, Gordon Brown, souhaite même faire passer une loi contraignante en la matière. L'Espagne, qui traverse une crise économique sans précédent, entend, elle aussi, respecter ses engagements. Le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, dont le pays assure la présidence de l'Union européenne durant le premier semestre 2010, estime que l'Espagne se doit d'être exemplaire.Coordination Sud, une ONG spécialisée dans l'humanitaire, s'inquiète de l'évolution de l'activité de l'Agence française de développement (AFD) dont les prêts et dons sont comptabilisés comme de l'APD. « L'AFD consacre de plus en plus de moyens à accorder des prêts bonifiés à des pays émergents tandis que ses interventions sous forme de dons dans les pays les plus pauvres reculent d'année en année », regrette Katia Herrgott, chargée de mission APD de Coordination Sud. L'enveloppe consacrée aux dons a été divisée par deux en quatre ans, passant de 322 millions d'euros en 2006 à 175 millions d'euros en 2010.retour de l'« aide liée »Coordination Sud s'inquiète également d'un retour déguisé de l'« aide liée », cette forme d'aide très en vogue jusqu'au milieu des années 1990 qui permettait aux États bailleurs de subventionner leurs entreprises. L'ONG constate ainsi qu'en 2008 51 % des financements AFD ont bénéficié à des filiales d'entreprises françaises contre 17 % en 2007. Le soupçon est d'autant plus fort qu'il s'agit d'une orientation revendiquée par le secrétaire d'État à la Coopération, Alain Joyandet. L'aide liée avait été abandonnée car elle renchérissait le coût des projets. Xavier Harel
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