La France vers les 68 millions d'habitants

La France aborde la décennie avec un dynamisme démographique qui tranche sur l'atonie de ses voisins continentaux. Avec près de 64,5 millions d'habitants (dont 2 millions outre-mer), elle cumule accroissement naturel (différence entre les naissances et les décès) et solde migratoire positif. Selon les statistiques de l'Insee, la population française a augmenté de plus de 4 millions entre 1999 et 2009. Elle croît actuellement de 350.000 personnes par an environ et devrait encore augmenter au rythme de 230.000 par an entre 2010 et 2020, et approcher les 68 millions. Le contraste est fort avec l'Italie, qui devrait voir sa population stagner dans la décennie à venir (l'institut de statistique national l'évaluait à 56,9 millions début 2009), et plus encore avec l'Allemagne qui va perdre 2 millions d'habitants entre 2008 et 2020, à 80 millions. La population française, elle, va continuer à augmenter jusqu'en 2060, où elle devrait atteindre près de 72 millions d'habitants, précise Patrick Festy, chercheur à l'Ined. L'Allemagne, à ce moment là, comptera entre 65 et 70 millions d'habitants, selon les projections de l'Office fédéral des statistiques. Plus près de nous, une autre conséquence du tonus de la démographie française est soulignée par Didier Blanchet, de l'Insee : « Grâce à la remontée du taux de fécondité de 1,8 à 1,9 enfant par femme, mais aussi grâce au doublement des flux migratoires nets à 100.000 personnes par an, la population active française, qui aurait dû commencer à baisser à partir de 2006, devrait continuer à s'accroître pour se stabiliser vers 2015 ».croissance par le haut Attention toutefois aux effets d'optique ! Car la croissance de la population française se fera beaucoup « par le haut », comme disent les démographes, à savoir par un allongement de la durée de vie des générations nombreuses du baby-boom : les Français devraient gagner 3,2 années d'espérance de vie entre 2000 et 2020. À cette date, les garçons qui naîtront devraient avoir une espérance de vie de 79,5 ans, et les filles, de 85,7 ans. À noter que celle des hommes aura encore augmenté de 3,7 ans pendant ces vingt années, contre une augmentation de « seulement » 2,6 ans pour les femmes, dont le mode de vie s'est sensiblement rapproché de celui des hommes.En 2020, un Français sur deux aura plus de 42 ans, contre 37 ans et 8 mois en 2000. L'âge médian sera alors de 47 ans en Italie et de plus de 48 ans en Allemagne, ce qui fait qu'en comparaison la France restera un peuple « relativement » jeune. Cet avantage nous permettra-t-il de rester à l'écart des maux du vieillissement ? Pas sûr, car il pourrait n'être que transitoire. Il vient de ce que le baby-boom, qui a commencé en France quinze ans plus tard qu'en Allemagne, a aussi fini plus tard, à la fin des années 1960 contre la fin des années 1950 en Allemagne. « La situation démographique plus favorable de la France ne tient qu'à un décalage dans le temps de la baisse tendancielle de la fécondité, que l'on observe dans tous les pays riches, et non à une situation structurellement plus favorable », précise Patrick Festy, de l'Ined. L'avenir de la démographie, qui repose pour l'essentiel sur des naissances qui ont eu lieu, est-il écrit ? En d'autres termes, des politiques publiques ciblées pourraient-elles empêcher ces évolutions ? « Ni la mise en place de systèmes sociaux généreux, ni même l'ouverture en grand des frontières à l'immigration ne permettraient d'éviter le vieillissement des populations qui est inéluctable, estime Patrick Festy. Tout au plus permettraient-elles de moduler à la marge ces évolutions. »Reste néanmoins des inconnues susceptibles d'avoir une influence sensible sur la population. Notamment les mouvements migratoires, qui dépendent d'évolutions économiques pas toujours prévisibles. En 2006, l'Insee a déjà réévalué à la hausse le nombre d'entrées annuelles nettes, de 50.000 à 100.000 personnes. Mais, estime le directeur de l'Ined, François Héran, il y a une donnée qui pourrait changer dès 2010 : l'émigration des Français. « En 2000, dit-il, très peu de Français vivaient à l'étranger, à savoir pas plus de 4 % des travailleurs qualifiés, contre plus de 12 % pour les Anglais. Or, avec la forte internationalisation de la formation des jeunes, on pourrait bien voir dans les années qui viennent beaucoup plus de Français partir s'installer à l'étranger. » nLa population française, qui a augmenté de 350.000 personnes par an environ au cours de la dernière décennie, devrait encore croître au rythme annuel de 230.000 personnes entre 2010 et 2020.
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