Les géants américains du LBO se muent en gestionnaires d'actifs

Les grands fonds d'investissement misent de plus en plus sur l'immobilier, la dette ou la gestion alternative pour accélérer leur croissance.

Des traders de Goldman Sachs débauchés par KKR, le fonds de pension néerlandais AlpInvest convoité par Carlyle, des hedge funds financés par Blackstone... Les opérations témoignant de la stratégie de diversification des pionniers américains du LBO se sont multipliées ces dernières semaines. Au cours des années 2000, tous avaient élargi leur éventail d'activités. Avec les évolutions réglementaires récentes, et notamment le vote de la loi Dodd-Frank, ce phénomène s'est accentué. « Je pense que de plus en plus de grands fonds deviendront des gestionnaires d'actifs alternatifs au sens large », a récemment déclaré David Rubenstein, le co-cofondateur de Carlyle, dont près de 30 % des actifs sont placés sur les marchés de l'immobilier et de la dette, le LBO représentant encore plus de deux tiers de son portefeuille.

pratiques limitées aux États-Unis

Du côté de Blackstone, la balance penche déjà de l'autre côté. Le plus puissant fonds de la planète comptait en mars 49 milliards de dollars de capitaux sur un total de 98 milliards dans sa division Credit and Marketable Alternatives (hedge fund et dette), contre 23,8 milliards de dollars dans le capital-investissement. Toutefois, comme le note un proche de la société, « le LBO reste beaucoup plus rentable » : au deuxième trimestre, plus de la moitié du résultat net provenait de cette activité. Blackstone est également présent dans l'immobilier et la banque d'affaires, son métier historique. « Cette stratégie répond à un besoin de croissance. Les grands fonds américains ont acquis une réputation suffisante dans le LBO pour se lancer dans d'autres métiers », analyse Nathalie Duguay, associée au cabinet SJ Berwin. Dans certaines sociétés, des liens profonds ont été noués entre les différents pôles d'activité. L'américain Apollo a ainsi souvent recours à ses équipes de gestion de dette pour investir dans une société. L'idée : racheter la dette d'une entreprise afin d'en devenir actionnaire via la conversion de ses créances en actions. D'autres fonds ont développé une activité de financement. KKR, par exemple, a mis en place une plate-forme « capital markets » afin de financer, aux côtés des banques, certaines de ses opérations.

Pour l'heure, ces pratiques semblent limitées aux Etats-Unis. « Les acteurs européens, à l'exception de ceux adossés à des banques ou des compagnies d'assurance, ne disposent pas d'une taille suffisante pour se diversifier à aussi grande échelle qu'aux Etats-Unis. » En effet, parmi les fonds indépendants, seul 3i s'est développé notablement dans d'autres métiers. Le britannique a racheté fin septembre l'activité de gestion de dette de Mizuho, donnant naissance à 3i Debt Management (4,5 milliards d'euros sous gestion).

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