Front commun des banques contre l'excès de régulation

Les établissements financiers tentent
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Et si les réformes bancaires faisaient autant de mal que de bien ? Le coût des nouvelles exigences réglementaires européennes ou nationales pourrait être si élevé qu'il pénaliserait non seulement les banques mais aussi la croissance économique et l'emploi.

En Grande-Bretagne, le projet de séparation partielle des branches de banque d'investissement et de banque de détail pourrait générer une facture de 2,5 milliards d'euros par an (lire ci-contre). L'intention paraît louable : éviter que les activités à hauts risques sur les marchés soient financées par les dépôts des épargnants. Le risque est de donner un sérieux coup de frein à la City. Quant aux suppressions de postes, elles ont déjà commencé : Barclays a annoncé en juillet la suppression de 3.000 postes cette année et HSBC de 30.000 d'ici à 2013, soit 10 % de ses effectifs, principalement en Europe et aux États-Unis. Cette vague de restructuration n'est certes pas seulement liée aux réformes mais aussi à l'environnement difficile des activités de marchés. Elle montre néanmoins que le durcissement des règles prudentielles pourrait avoir l'effet contraire de celui recherché.

À fixer des exigences trop élevées, les nouvelles normes pourraient fragiliser les établissements qu'elles prétendent consolider. C'est en tout cas l'argument de l'Institut de la finance internationale (IIF) qui réunit les banques d'environ 70 pays. Selon ses estimations, les banques devraient lever 1. 300 milliards de dollars de capital pour se conformer aux règles de Bâle III durant la période 2011-2015 ce qui entraînerait une hausse des taux des crédits qu'elles accordent (+ 3,5 % en moyenne), un ralentissement de la croissance du produit intérieur brut (- 3,2 %) et des suppressions de postes. Ces arguments chiffrés arrivent à point nommé. Jusqu'à présent, les banques de l'IIF ne sont pas parvenues à convaincre le Comité de Bâle, concepteur de la régulation bancaire, de la nécessité d'assouplir les nouveaux ratios de solvabilité et de liquidités. Y parviendront-ils cette fois ? Tout en indiquant qu'il ne songe pas à une modification immédiate du ratio de liquidité à court terme, le Comité de Bâle montre des signes d'ouverture. Son secrétaire général Stefan Walter déclare attendre le résultat de l'étude des « conséquences inattendues » des nouveaux ratios avant toute décision. En ce qui concerne les fonds propres, le débat continue de faire rage. Malgré leurs résultats globalement positifs aux stress tests en juillet, la directrice générale du FMI Christine Lagarde affirme que les banques européennes ont un besoin « urgent » de se recapitaliser. Les dénégations des patrons des plus grands établissements du Continent comme Josef Ackermann, numéro un de la Deutsche Bank, ou Michel Pébereau, président de BNP Paribas, en début de semaine n'ont d'ailleurs pas suffi à rassurer les investisseurs en Bourse.

Confusion

Ce contexte de confusion alimente une crise de confiance. Aux États-Unis, la réserve fédérale a demandé mercredi aux banques de procéder à des tests de résistance dans les conditions de la crise de l'automne 2008. Les banques elles-mêmes sont gagnées par la suspicion en Europe. Elles préfèrent déposer davantage de liquidités à la Banque centrale européenne plutôt que de se prêter entre elles : le plus haut niveau de dépôts au jour le jour de l'année a été atteint mardi à 169,6 milliards d'euros après 166,8 milliards lundi, le précédent record.

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