La crise financière menace la rentabilité des fonds de LBO

Contraints de débourser plus de fonds propres pour financer leurs acquisitions, ils pourraient voir leur retour sur investissement tomber à 15 %.
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L'automne 2011 s'annonce comme un « remake » des quatre derniers mois de 2008, pour les fonds d'investissement. La crise financière menace de nouveau leur rentabilité. Pour la simple raison que les banques, compte tenu de leurs difficultés, rechignent à prêter aux fonds l'argent nécessaire au financement de leurs LBO (Leveraged Buy-Out : rachat par endettement). À quoi s'ajoute la réticence des investisseurs à souscrire à des émissions obligataires à haut rendement, utilisées elles aussi comme ressources pour ces opérations. Or, plus un fonds d'investissement doit débourser de capitaux propres pour acquérir une société, moins son retour sur investissement sera élevé. Le principe du LBO consiste en effet à contracter une dette pour financer l'essentiel d'une acquisition et à rembourser cet emprunt grâce aux bénéfices dégagés par la société rachetée. Conséquence de cette frilosité, à peine 3,2 milliards d'euros de dette LBO ont été arrangés en Europe entre le 18 juillet et le 18 août, contre près de 6 milliards sur la même période de l'an dernier, d'après l'agence de notation financière Standard & Poor's. Une tendance qui ne s'est pas améliorée, puisque le montant des dettes LBO arrangées la semaine dernière en Europe a représenté 4,4 fois seulement l'excédent brut d'exploitation des cibles, selon les données de l'agence Bloomberg. Soit le multiple le plus bas depuis dix ans, selon l'agence d'évaluation financière Fitch, qui rappelle que la moyenne pour 2011 était jusqu'à présent de 4,8.

Grand défi

Résultat, la part des fonds propres dans le financement des LBO excède désormais 50 % du montant des transactions, selon Fitch, contre 36,5 % en moyenne au cours des deux premiers trimestres. Jon Moulton, patron du fonds londonien Better Capital LLP, ne se berce guère d'illusions : « Les taux de retour sur investissement des fonds de private equity vont tomber à 15 % ou 17 %, contre plus de 20 % auparavant. » À l'exception, peut-être, des fonds spécialisés dans les LBO de moins de 500 millions d'euros, estime un expert de la Société Généralecute; Générale.

« Le grand défi pour l'industrie du private equity va consister à dégager des retours sur investissements satisfaisants alors qu'il existe moins de dette disponible mais aussi moins de croissance économique », a d'ailleurs souligné le fonds Cinven, lors d'une conférence à Londres le 8 septembre. Car qui dit croissance économique plus faible dit moins de bénéfices pour les sociétés rachetées. Et, partant, plus de difficultés pour les fonds à rembourser la dette contractée pour financer leurs investissements.

Dernier frein à leur rentabilité : le contexte économique et financier actuel n'est guère propice à des sorties (cessions de participations) dans des conditions intéressantes, les groupes industriels mais également les fonds se montrant désormais prudents sur le front de la croissance externe.

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