La finance prend sa perte sur la dette grecque

Les créanciers privés ont accepté une décote de 50 % des obligations grecques. Et l'Europe est parvenue à un accord sur lerenforcement des fonds propres de ses banques.
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Dans la douleur. Après une nuit de négociations, les créanciers privés de la Grèce, représentés par l'Institut de la finance internationale (IIF), ont consenti à appliquer une décote de 50 % sur les obligations souveraines grecques qu'ils détiennent. Estimé à un peu plus de 100 milliards d'euros, cet effort du secteur privé - bien supérieur aux 21 % décidés en juillet dernier - devrait permettre à la Grèce de ramener son ratio de dette publique par rapport au PIB à 120 % d'ici à 2020 - contre plus de 160 % actuellement. Et en assurant le caractère « volontaire » de cet accord, les créanciers privés ont éloigné le spectre d'un « événement de crédit » sur la dette grecque, qui aurait entraîné le déclenchement des CDS (« credit default swaps »), ces contrats de couverture contre le risque de défaut. L'Isda, l'organisme qui juge s'il y a ou non « événement de crédit », a confirmé jeudi qu'il ne déclencherait pas le paiement des CDS. Dans le cas contraire, une restructuration imposée de la dette grecque aurait pu déstabiliser le secteur financier.

Malgré une volonté affichée de ne pas dépasser 40 % de décote, les banquiers ont donc fini par abonder dans le sens de Berlin qui souhaitait davantage. « Ce résultat est une bonne chose pour la Grèce, l'Europe et les investisseurs et nous attendons avec impatience sa mise en oeuvre rapide », a finalement déclaré le président de l'IIF, Josef Ackermann qui est également à la tête de Deutsche Bank. Il reste cependant à négocier encore afin de transformer ce qui n'est qu'un cadre global en mesures concrètes.

Aide publique pour certains

En échange de l'effort demandé au secteur bancaire, un accord a été trouvé pour recapitaliser les établissements qui en auraient besoin. L'Autorité bancaire européenne (EBA) a évalué les besoins en fonds propres à 106 milliards d'euros, contre 2,5 milliards après les « stress tests » de juillet dernier. Le manque de capital est estimé à 30 milliards d'euros pour les établissements grecs, à 26,16 milliards pour les espagnols (lire ci-contre) et à 14,77 milliards pour les italiens. Les banques françaises devront, quant à elles, se recapitaliser à hauteur de 8,84 milliards d'euros (lire ci-dessous). Si la plupart des établissements déclarent être en mesure de se recapitaliser par leurs propres moyens, certains ont déjà annoncé qu'ils pourraient avoir recours à une aide publique. Les deux banques portugaises, BCP et BPI, ont par exemple indiqué jeudi qu'elles envisageaient de puiser dans les 12 milliards d'euros mis à disposition par le FMI et l'Union européenne.

Ce plan de recapitalisation vise à porter la position en fonds propres « durs » des banques à 9 % de capital Core Tier One d'ici à fin juin 2012. Elles devront aussi valoriser leurs titres de dettes souveraines à leur valeur de marché. Pour ce faire, l'EBA recommande la constitution de « coussins additionnels de sécurité ». Les 70 établissements concernés ont jusqu'à la fin de l'année pour présenter à leurs régulateurs nationaux le détail des actions qu'ils mèneront pour atteindre les objectifs demandés.

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