"A chaque fois que je vais en Espagne, je m?arrange pour citer son nom en espérant qu?il m?appelle" avoue un Benicio del Toro rajeuni, amaigri, depuis son interprétation du "Che" qui lui a valu un prix d?interprétation à Cannes (2008). C?est dire si le comédien est content de retrouver à ses côtés le réalisateur espagnol Victor Erice qu?il admire tant, comme membre du jury présidé par Tim Burton.

Ce sont d?ailleurs ces sentiments d?humour et de bonheur d?être ensemble qui dominaient aujourd?hui lors de la conférence de presse du jury réunissant autour du président Burton, les comédiennes Kate Backinsale et Giovana Mezzogiorno, le directeur du musée du cinéma de Turin Alberto Barbera, l?écrivain Emmanuel Carrère, le réalisateur Shekhar Kapur ou le compositeur Alexandre Desplat.

Changement d'ambiance

Une ambiance à mille milles de l?austérité et la tension de l?an dernier autour de la présidente du jury du festival de Cannes 2009, Isabelle Huppert. On a d?ailleurs dit qu?elle s?était mise une partie de ses pairs à dos, le réalisateur James Gray menaçant même de claquer la porte du festival pour rentrer chez lui. Car peu, dit-on, avaient apprécié ses manières autoritaires pour leur imposer ses choix. Sans parler de la Palme d?or dont on soupçonnait avant même l?ouverture du festival qu?elle serait attribuée -malgré le choc provoqué par "Un prophète" de Jacques Audiard-, au "Un ruban blanc" de Mickael Hanneke, réalisateur grâce auquel elle avait obtenu un prix d?interprétation pour "La pianiste" en 2001.

Rien de tout cela cette année. "Il ne me viendrait pas à l?idée de donner une quelconque instruction à mon jury" a assuré Tim Burton. "Nous avons diné ensemble hier et la seule chose que je leur ai demandé c?est d?éviter les préjugés et d?avoir de la compassion pour les films en compétition". Burton en appelle aussi au plaisir de la discussion. "Il ne faudrait surtout pas qu?on se transforme en une bande de copains en colère parce que nous ne sommes pas d?accord".

Le président s?est dit aussi ravi de l?absence de films américains et plus particulièrement de ceux made in Hollywood. "Ca va me permettre de découvrir ce qui se fait ailleurs". Il a aussi rappelé son soutien au réalisateur iranien Jaafar Panahi, invité à Cannes comme membre du jury alors qu?il est détenu de manière totalement arbitraire par les autorités de son pays. Pas un mot, en revanche, sur Roman Polanski alors qu?on l?interrogeait aussi sur le sujet. Le monde du cinéma américain refuse depuis le début de cette affaire de se mouiller. Publiquement du moins.