Dispersions de collections

Les successions font le bonheur des commissaires priseurs : les héritiers n'hésitent pas à disperser en quelques heures ce que les collectionneurs ont mis des années à réunir. Exemples.
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En matière artistique, jusqu'au milieu du XIXème siècle, outre les créateurs et quelques ateliers-marchands, il n'y avait que des mécènes, des entasseurs et des connaisseurs. Les premiers faisaient vivre peintres et sculpteurs, les seconds achetaient à tout va, les troisièmes étaient les experts. Tous ouvraient plutôt moins que plus leurs trésors à des visiteurs sélectionnés. Avec l'apparition des musées publics, ces visites privées disparaissent et la démocratisation de l'art se met en place.

Mais ce n'est que dans les années 1960 qu'en France, les administrations officielles intégrent les travaux des artistes contemporains, un peu par crainte de rater la "signature de demain", beaucoup pour ne pas être dépassé par des collectionneurs plus avisés. A tel point qu'aujourd'hui encore, les musées, aussi faute de moyens, s'arrachent les donations, dations et autres prêts. Ou que les plus fortunés des collectionneurs créent leurs propres fondations pour y exposer leurs acquisitions.

D'autres collectionneurs, riches ou non, ont patiemment réunis dessins, toiles et sculptures pour en meubler leur domicile. A leur décès, il arrive fréquemment
que les héritiers, moins concernés et moins aisés, se débarassent de ces oeuvres ne serait-ce que pour régler les frais de succesion ou l'entretien de demeures familiales, le plus souvent en les mettant en vente aux enchères, poussés par des notaires en relation avec les commissaires priseurs. La vacation du 16 mars de la SVV Joron-Derem en est un exemple de bonne tenue car, parmi les 124 lots proposés, se retrouvent quelques belles pièces en provenance de collections privées (dont celle de l'ancien propriétaire des Grands Moulins de Pantin, Jean Haegel, dont le montant des adjudications ira à l'Institut Pasteur). On trouve de cette provenance, notamment une "Promenade d'Argenteuil un soir d'hiver" 1875 de Claude Monet (estimation 1,2 million d'euros), une "Femme au
chapeau de fleurs" 1903 d'Auguste Renoir (600.000 euros) ou une encre "Le peintre" 1949 de Marc Chagall (12.000 euros).

D'autres collectionneurs, la vacation propose également une série de dessins à l'encre de nus d'Albert Marquet (de 400 à 600 euros chaque), une petite huile préparatoire à "La Résurrection", 1948 de Marc Chagall (140.000 euros), une peinture "Ile de France", 1885 de J.B. Guillaumin (150.000 euros), un "Nu accoudé, 1948" de Jean Hélion (150.000 euros), une toile "La couturière",1905, de Félix Vallotton (120.000 euros), une huile "Jeune fille" de Jules Pascin (55.000 euros) ou un acrylique "Cybèle" 1964 de Charles Lapique (40.000 euros).

Egalement en vente une douzaine d'oeuvres du sculpteur Anton Prinner, surnomné "Monsieur Madame" par Picasso car de sexe féminin, cet  artiste figuratif et ésotérique d'origine hongroise s'habillait toujours en vétements d'homme: de 800 euros pour les petits bronzes multiples à 40.000 euros pour un grand
"Totem" en bois. Enfin la vente s'achève avec des oeuvres du serbe Dado, peintre du fantastique décédé l'an passé: de de 1.000 euros pour un dessin à la mine de plomb à 15.000 euros pour une huile.

Le 16 mars, Paris-Drouot Richelieu, salle 7, renseignements: www.joron-derem.fr

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