La trajectoire du baril de pétrole s'approche à nouveau de son plus-haut

Avec 10 dollars de plus, et pour des motifs différents, le baril de pétrole suit la même évolution qu'il y a trois ans.
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Le parallèle est frappant, presque parfait. Sur les quatre premiers mois de l'année, l'évolution du baril de pétrole du panier de l'Opep de 90 à 120 dollars réplique le chemin parcouru en 2008, à quelque 10 voire 15 dollars de plus. Et la saisonnalité n'y est pas pour grand-chose, même si la demande de pétrole progresse en hiver en raison de l'utilisation de fioul pour le chauffage dans l'hémisphère Nord. En 2009 et 2010, les courbes avaient plutôt baissé. Les motifs de cette évolution parallèle sont aussi divergents. L'accélération de la demande constatée en ce début d'année, si elle est réelle, est nettement moins prononcée qu'en 2008. Elle est aussi moins forte qu'en 2010, année qui a scellé le redémarrage économique et industriel avec une violente reprise de la consommation de pétrole. Soit 3 millions de barils brûlés chaque jour en plus. Pour 2011, on anticipe une progression de 1,5 million de barils par jour. Les motifs de la hausse doivent donc être cherchés ailleurs. Les incertitudes géopolitiques, qui font craindre pour l'offre, en font largement partie. La politique monétaire très souple de la Fed aux États-Unis, qui injecte toujours plus de liquidités dans les circuits financiers, y contribue également. Si les raisons de l'envolée des prix semblent plus complexes qu'en 2008, le résultat est en revanche strictement identique. La hausse du pétrole est ainsi en train d'enrayer l'essor de la demande, et aussi d'entamer la croissance économique.

« Aux États-Unis, où le pétrole atteint 3,90 dollars par gallon, la consommation risque de chuter rapidement, d'autant que les salaires n'augmentent pas. Ou alors les consommateurs américains sacrifieront d'autres dépenses, ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour la croissance mondiale », assure Harry Tchilinguirian, responsable de la recherche sur les matières premières chez BNP Paribas.

Le jeu des banques centrales des émergents

Selon l'expert, l'évolution du baril de pétrole devrait largement dépendre, dans les prochains mois, de l'attitude des banques centrales des pays émergents. Si elles adoptent, à l'instar de la Chine, des politiques monétaires de plus en plus restrictives pour contenir l'inflation, l'envolée du baril devrait être bridée, puisque les économies émergentes représentent l'essentiel de la croissance de la consommation de pétrole. En revanche, en cas de politiques monétaires laxistes, le schéma de 2008 pourrait bien se reproduire. Mais en pire : avec un baril non pas à 148, mais à 160 dollars.

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