Opep : l'Iran impose ses vues à l'Arabie Saoudite

Les 12 délégués du cartel réunis à Vienne ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur l'augmentation de leurs quotas de production. La question de la légitimité du cartel se pose.
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L'une des pires réunions. » Pour Ali Al-Naïmi, ministre de l'Arabie Saoudite et vieux briscard de l'Opep dont il est une des figures depuis 16 ans, la conférence de mercredi à Vienne s'est particulièrement mal passé. Le représentant n'a d'ailleurs pas hésité à sortir du protocole feutré de l'Opep, en donnant les noms des éléments perturbateurs de la réunion. Une première, qui témoigne d'une véritable fracture dans le cartel où l'Arabie Saoudite tient d'ordinaire le haut du pavé.

L'Iran a pris la tête d'un clan de 7 pays, dont l'Algérie, la Libye, l'Equateur, le Venezuela, l'Angola, l'Irak, qui se sont opposés au désir d'augmentation des quotas des pays du Golfe. « On assiste à une rupture du fonctionnement habituel de l'organisation, avec l'Iran qui utilise le cartel comme outil politique », constate Olivier Jakob, fin connaisseur du pétrole chez Petromatrix, en Suisse. Le pays a multiplié les démonstrations de force ces derniers temps, en envoyant des navires, puis des sous-marins, en Méditerrannée et en mer Rouge. Selon des rumeurs qui couraient à Vienne mercredi, le pays, qui détient actuellement la présidence tournante de l'Opep, pourrait organiser une réunion extraordinaire à Téhéran d'ici trois mois. Ce qui donnerait au pays et à son président une tribune internationale inégalée. « Il a été décidé que nous disposions d'environ trois mois pour évaluer la situation; nous prendrons alors la décision appropriée », a déclaré l'iranien Mohammad Aliabadi, ex-président du comité olympique de l'Iran et actuel président de l'Opep. Au siège de l'organisation, on assurait au contraire que la prochaine réunion du cartel aurait lieu le 14 décembre prochain, à Vienne.

Les ministres ne sont pas parvenus à sortir une déclaration commune, comme il est d'usage, signe supplémentaire d'affaiblissement du cartel. « C'est aussi un signal baissier pour le marché, puisque l'Arabie Saoudite va maintenant pomper un maximum de pétrole, sans prendre en compte les quotas », observe Olivier Jakob. L'Agence Internationale de l'Energie a d'ailleurs « noté avec déception que les membres de l'Opep ont été incapables de s'accorder sur le besoin de mieux approvisionner le marché du pétrole », tout en rappelant que le niveau de production était le principal d'élément d'appréciation du marché. Les pays qui se sont opposés à la hausse des quotas sont aussi ceux dont l'appareil de production fonctionne à plein régime, et qui profitent donc des prix élevés.

Avec plus de 28 millions de barils extraits fin mai, le cartel produit actuellement 29 % des barils consommés dans le monde, alors qu'il pourrait en produire nettement plus. « Nos capacités de production inutilisées sont de 6,5 millions de barils par jour, mais les problèmes en Libye les ramène à 4,5 millions de barils» a déclaré le secrétaire général de l'organisation, Abdallah El Badri. Une déclaration qui n'a pas rassuré le marché : les cours du pétrole ont grimpé de plus de 2 dollars mercredi, à 118,43 dollars pour le brent.

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